Pour le cinquantième anniversaire de l'indépendance du Burkina Faso, le traditionnel défilé a déplacé les foules à Bobo Dioulasso. Mais dans la capitale, Ouagadougou, on restait peu dithyrambique au sujet du bilan socio-économique du demi-siècle passé.
Ça y est, ce 11 décembre, le Burkina Faso a fermé la marche des célébrations du cinquantenaire des indépendances. Une foule immense a fait le déplacement à Bobo Dioulasso, deuxième ville du pays afin d'assister au traditionnel défilé. Onze chefs d'États et de gouvernement de pays amis du Faso étaient présents, tel le Rwandais Paul Kagamé, le Mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz et le doyen des présidents, le Sénégalais Abdoulaye Wade.
Massés derrière des barrières de sécurité, les Burkinabè ont pu admirer l'ensemble des forces de défense et de sécurité nationales, ainsi que les forces vives de la nation : 7000 défilants au total, auxquels s'étaient mêlés des militaires nigériens, marocains, français... Les passages les plus appréciés furent sans aucun doute les brigades équestres – le Burkina Faso jouit d'une longue tradition d'équitation – et les brigades motorisées, dont les prouesses acrobatiques en ont impressionné plus d'un.
Ouagadougou peu enthousiaste
L'effervescence qui règnait à Bobo Dioulasso n'a pas cependant pas atteint la capitale, Ouagadougou. Dans un maquis de la ville, la télévision en marche retransmet en direct le défilé. Chassant d'une main paresseuse les mouches qui s'approchent de son assiette, un ouagalais hausse les épaules lorsqu'on lui demande ce que représentent pour lui ces célébrations. « Pas grand chose » lâche-t-il, laconique. « C'est toujours le Nord qui gère l'avenir du Sud. C'est quelle indépendance ? »
Et quand on évoque les « améliorations substantielles » en matière de « santé, d'éducation, et d'accès à l'eau potable », énoncées par le président Blaise Compaoré (fraîchement réélu), Seydou, chargeur de camion, a une moue circonspecte : « Tout ça n'a pas vraiment changé, il suffit de sortir de la capitale pour se rendre compte que les choses se sont même aggravées ».
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