Maurice : le leader de l'opposition sous la menace d'une arrestation
le 31/08/2011 23:00:55
Maurice

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Xinhua
PORT-LOUIS, 30 août (Xinhua) -- Le leader de l'opposition de l'île Maurice était sous la menace d'une arrestation mardi 30 août après son refus de se rendre à une convocation de la police pour un interrogatoire.



Cette démarche de la police mauricienne intervient dans le sillage des allégations faites par Paul Raymond Bérenger, leader du Mouvement Militant Mauricien (MMM), sur l'implication supposé du Premier ministre Navin Ramgoolam dans une affaire de corruption allégué sur l'achat par l'Etat d'une clinique privée.

Cette affaire qui empoisonne la vie politique à Maurice depuis maintenant sept mois avait conduit à la démission de six ministres du Mouvement Socialiste Militant (MSM) de l'ancien vice-Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth. Ce dernier avait expliqué cette démission comme une protestation de la façon discriminatoire de la Commission anticorruption indépendante (ICAC) de procéder avec l'arrestation de la ministre de la Santé, Maya Hanoomanjee alors que le ministre qui était en fonction lors du lancement de l'appel d'offres pour la clinique n'avait jamais été inquiété.

Pravind Jugnauth avait espéré que le Premier ministre qui, selon lui, était au courant de toute cette transaction, intervienne mais ce dernier devait déclarer que l'ICAC était une institution indépendante et qu'il n'allait pas s'ingérer dans l' enquête. Pour autant, le leader de l'opposition devait en rajouter une couche en affirmant que c'était bien le Premier ministre qui, après avoir rencontré le propriétaire de la clinique Medpoint, aurait demandé à un officier de l'Etat de faire une surévaluation de cet établissement.

Le Premier ministre devait subséquemment porter plainte à la police le 14 juillet dernier. La convocation de Paul Bérenger intervient dans le sillage de cette affaire mais il a déclaré ne pas vouloir s'y rendre avant que le contenu de la déposition de Navin Ramgoolam ne lui soit communiqué.

Il y a donc dépêché ses hommes de loi à cette fin mais la police a fait savoir qu'elle n'était pas tenue à le faire selon les dispositions de la loi. Dans un communiqué émis mardi après- midi, elle reconnaît qu'elle n'a pas autorisé l'avocat de Paul Bérenger à consulter la déposition que le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a consignée contre le leader de l'Opposition dans le cadre de l'enquête sur la diffusion alléguée de fausses nouvelles dans l'affaire MedPoint.

La police estime qu'elle «n'a aucune obligation légale de le faire à ce stade». Si le leader de l'opposition maintient sa position, la police n'aura pas d'autre choix que de procéder à son arrestation. La crainte d'une arrestation de Paul Bérenger dans la matinée a suscité une effervescence et un début de mobilisation de militants du MMM.

S'adressant aux militants à Rose-Hill et ensuite à Port-Louis, le leader de l'opposition a confirmé son intention de ne pas se prévaloir de la possibilité de la caution au cas où il serait appréhendé après son interrogatoire. Il s'est déclaré prêt à lancer une grève de la faim.

Réagissant aux événements de ce jour, le leader du Mouvement socialiste militant (MSM) «condamne» la décision de la police de convoquer le leader de l'opposition. «Nous condamnons avec force la façon d'agir de la police envers le leader de l'opposition. Le MSM tient à exprimer son entière solidarité avec le camarade Paul Bérenger. Nous le soutiendrons jusqu'au bout dans cette affaire», affirme le leader du MSM.

Il en a profité pour accuser le gouvernement de se servir des institutions à des fins politiques. Pravind Jugnauth estime que « le vrai visage » du gouvernement Ramgoolam est en train d'être révélé au grand jour.

«C'est un climat de dictature qui s'installe dans le pays. Les institutions sont utilisées pour des motifs politiques. L'appareil d'Etat est utilisé pour intimider les gens», affirme-t-il.

De son côté au Parti Travailliste (PTr) du Premier minsitre, demande est faite à l''opposition de ne pas mettre la pression sur les institutions du pays. Son président, Patrick Assirvaden en appelle à l'opposition pour qu'elle ne fasse pression et ne mette « le couteau sous la gorge » des institutions du pays. « Quand le commun des mortels est face à une telle accusation, il doit donner des explications à la police ».

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