20110924 Xinhua YAOUNDE, 24 septembre (Xinhua) -- La campagne de l'élection présidentielle du 9 octobre au Cameroun s'ouvre ce samedi, d'après le calendrier fixé par Elections Cameroon (ELECAM), organisme chargé de l'organisation de ce scrutin, dans un climat sociopolitique où des menaces sur le climat social déclarées par les autorités elles-mêmes justifient une sécurité préventive renforcée.
A commencer par le camp du président sortant Paul Biya, en lice pour un second mandat consécutif de 7 ans après 29 ans de pouvoir, les états-majors des 23 candidats à l'assaut du palais de l'Unité à Yaoundé s'apprêtent à se jeter dans la bataille pour deux semaines de campagne, avec des stratégies aussi variées que les programmes d' action à soumettre à la sanction des électeurs.
Troisième participation après 1992 et 2004 avec un boycott en 1997, le chef de file de l'opposition et dirigeant du Social Democratic Front (SDF) Ni John Fru Ndi, rencontré cette semaine par Xinhua dans son fief de Bamenda dans le Nord-Ouest, se dit s'être préparé à "donner une leçon à M. Biya", soit à prendre sa revanche.
Avec ses 23 concurrents aux profils parfois atypiques, contre 8 en 1992, 9 en 1997 et 16 en 2004, cette compétition est la plus courue depuis la restauration du multipartisme au Cameroun en 1990, après l'interruption aux premières heures de l' indépendance dans les années 60.
Déjà fort d'une longue expérience de gestion du pouvoir, le chef de l'Etat sortant est le grand favori de cette élection. Son allié depuis 1997, l'Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP) de l'actuel ministre d' Etat en charge des Transports Maïgari Bello Bouba lui apporte une nouvelle fois son soutien.
C'est le cas aussi de l'Alliance nationale pour la démocratie et le progrès (ANDP) de Hamadou Moustapha, ministre chargé de mission à la présidence de la République, et du Mouvement pour la défense de la République (MDR) de l'ex-ministre Dakolé Daïssala qui a annoncé son soutien lors d'une conférence de presse vendredi à Yaoundé.
Pour son premier test électoral, ELECAM, mis en place en 2009 est tenu par le défi de la réussite du scrutin. Un défi d'autant grand que dès sa création par une loi votée par l'Assemblée nationale (Parlement) en 2006 en remplacement de l'Observatoire national des élections (ONEL), le nouvel organe électoral a soulevé des passions diverses, certains le jugeant à la solde du pouvoir en place.
Par ailleurs, une prise en compte des récentes évolutions sur le plan du contexte international et en particulier sur le continent est préconisée par les observateurs. "Cette élection se tient au moment où dans un certain nombre d'Etats en Afrique ou hors du continent les dirigeants au plus au niveau sont amenés parfois à partir du pouvoir dans des conditions heurtées", a remarqué à Xinhua l'analyste politique Laurent Mbassi.
Pour cet enseignant associé à l'Institut des relations internationales du Cameroun (IRIC) à Yaoundé donc, "une telle évolution n'est pas nécessairement sans répercussion non seulement sur la mentalité, mais sur le comportement des acteurs à l'interne. L'on pourrait donc assister à des formes de surenchères politiques locales basées sur ce fait-là , mais dont les chances de prospérité me paraissent, à titre personnel, réduites".
Selon les listes électorales provisoires, près de 7,5 millions d'électeurs seront appelés aux urnes pour élire leur futur dirigeant pour les 7 prochaines années. Parmi les candidats en lice, figurent deux femmes : l'ex-directeur général de la Société nationale des investissements (SNI) Esther Dang et l'ex-présidente de la commission des stratégies du SDF Walla Edith Kahbang alias Kah Walla.
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