20111023 Xinhua BAMAKO, 18 octobre (Xinhua) -- Les Journées franco-maliennes se sont déplacées dimanche 16 octobre sur le site de Sangha, à environ 50 km à l'est de Bandiagara pour y découvrir quelques-unes des multiples facettes de la civilisation Dogon.
Au cours de cette visite touristique, le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération Internationale, Soumeylou Boubeye Maïga, initiateur des journées et ses hôtes ont pu apprécier la grande habilité du peuple dogon.
Etaient également du voyage, le ministre français chargé de la coopération, Henri de Raincourt, les ministres maliens Sidiki N'fa Konaté, Modibo Kadjogué et David Sagara, respectivement en charge de la Communication; de l'Emploi et de la Formation professionnelle; et de la Décentralisation.
Classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, au double titre de la nature et de la culture depuis décembre 1989, le pays Dogon est un sanctuaire dont les valeurs reposent sur une philosophie et une religion complexes et riches.
Le pays Dogon occupe un plateau qui s'élève des basses terres du Macina jusqu'à Sangha, pour se casser en un pic qui domine de plusieurs centaines de mètres la plaine du Séno: c'est la falaise de Bandiagara.
Le pays tout entier continue de rendre un hommage au professeur français Marcel Griaule pour avoir puissamment contribué au rayonnement du pays Dogon à partir de la mission ethnologique qu'il a menée en 1931.
Sur le chemin de Sangha, la délégation a fait une halte de quelques minutes dans le village de Kama où elle a reçu des cadeaux offerts par Seydou Natoumé, le PDG de Toguna Industrie. Ces cadeaux étaient composés de masques, de cannes de Hogon, de portes dogons, de pagnes en indigo, de couverts en ébène.
Aux environs de 10 heures, la délégation est entrée à Sangha. La visite a commencé par la résidence du Hogon. Le Hogon, institution politique traditionnelle la plus importante, est le dignitaire suprême des dogons, le doyen d'âge, le chef spirituel de la communauté. Le Hogon du village est le patriarche de tous les Dogons. A quelques mètres de là se dresse un Toguna constamment occupé par les anciens du village, où personne ne se trompe de place.
Le guide Sékou Togo explique: "ce mirador ou Toguna est un grand sanctuaire de la parole, un hangar construit sur huit piliers représentant les premiers ancêtres des Dogons venus du Mandé et dont le toit bas est fait de huit strates de tiges de mil. Les sages s'y réunissent pour discuter des problèmes du village".
Le Toguna jouxte un lieu mystique qu'aucun étranger n'a le droit de franchir. Sékou Togo précisera au ministre Maïga et à sa délégation que Sangha est la première destination des touristes au Mali. L'architecture et l'habitat des troglodytes justifient pleinement cet engouement.
Les visiteurs du jour ont ainsi traversé le tunnel naturel de "Bongo" qui mesure 80 mètres de long. Le guide Sékou Togo a présenté Bandiagara, comme la ville carrefour qui permet de rallier les sites touristiques de la plaine et des falaises. Sangha, lui, est un axe privilégié pour les excursions dans le versant Est et Nord-Est de la falaise.
C'est aussi à Sangha que la falaise est la plus étonnante. La forte délégation n'a pu visiter certains monuments comme les cases des femmes en menstrues, les tables de la divination ou tables du renard pâle, la mosquée à style marocain de Ogol Leye.
La table de divination ou la table du Renard Pale fait partie des convoitises de beaucoup de touristes, indiquera Sékou Togo. Existant presque dans tous les villages du plateau dogon, cette table découle du mythe du Renard Pâle. Il se compose de six rectangles juxtaposés en deux rangées sur une surface avec des graines d'arachides pour attirer les renards, et lie ainsi le passé et l'avenir des hommes.
La visite de Sangha s'est achevée par la danse des masques. La société des masques est une association masculine dans laquelle entrent tous les garçons après la circoncision. Certains masques sont interdits aux femmes, même si elles sont à l'origine de la découverte des masques, car aux yeux des Dogons, la raison d'être de la femme est de donner la vie tandis que ces masques sont objet de mort.
Le ministre français chargé de la coopération, Henri de Raincourt, note après la visite que les Français ont tout à fait raison d'avoir une telle passion pour le Mali et pour la culture Dogon.
Il a jugé que les deux Etats auraient tort d'abandonner cette initiative de Soumeylou Boubeye Maïga qui permet à la France et au Mali de se retrouver et de discuter dans les domaines culturel, éducatif et économique.
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