20111030 Yahoo.fr Spécialiste de l'Afrique, Thomas Hofnung vient de publier l'essai «La crise ivoirienne, de Félix Houphouët-Boigny à la chute de Laurent Gbagbo» (Ed La Découverte). Il analyse pour SlateAfrique les conditions de la réconciliation. Deuxième partie de l'interview.
SlateAfrique - Les exilés représentent-ils une menace pour la paix? Seraient-ils capables de lever une armée?
Thomas Hofnung - Je ne pense pas que les gens qui sont réfugiés au Togo, au Ghana, d'ancien hiérarques du régime de Gbagbo, à commencer par Charles Blé Goudé (ex-ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo) qui a un certain pouvoir sur les jeunes, sur la FESCI (Fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire) etc., soutiendraient une rébellion armée contre Alassane Ouattara. Mais, en Sierra Leone, au Libéria et en Côte d'Ivoire, un certain nombre de jeunes gens sont désoeuvrés et pourraient reprendre les armes si l'occasion se présentait.
SlateAfrique - On parle beaucoup de l'impact de la reprise économique. Pensez-vous que la reprise économique est réelle. Et si c'est le cas peut-elle jouer un rôle important dans la réconciliation?
T-H - Oui, je pense que cela ne peut faire que du bien, de lancer des grands travaux et de donner du travail... Ce pays a une population très jeune, comme beaucoup de pays africains. Durant la crise, les jeunes étaient très présents dans les mouvements patriotiques (pro-Gbagbo). Par conséquent, si on leur donne des emplois, et c'est ce à quoi s'est engagé Ouattara, cela ne peut être qu'un point positif et encourager la réconciliation. La reconstruction économique est une condition nécessaire mais pas suffisante pour qu'il y ait une réconciliation en profondeur en Côte d'Ivoire. La question de la justice et de la fin de l'impunité est fondamentale.
SlateAfrique - Comment expliquez-vous que pour beaucoup d'Africains, Gbagbo apparaît comme un patriote africain luttant contre le néocolonialisme?
|