20111031 Xinhua TUNIS, 30 octobre (Xinhua) -- AprĂšs une fin du mois d'octobre consacrĂ©e notamment aux Ă©lections de l'AssemblĂ©e constituante, les Tunisiens s'apprĂȘtent Ă cĂ©lĂ©brer la Grande FĂȘte ou la FĂȘte du Sacrifice, fixĂ©e cette annĂ©e pour le 6 novembre. En Tunisie, la Grande FĂȘte jouit d'une importance majeure vu l'ambiance festive qu'elle apporte au sein de la famille tunisienne, plus prĂ©cisĂ©ment chez les enfants.
Il s'agit de sacrifier un mouton ou un bĂ©lier en l'Ă©gorgeant couchant sur le cĂŽtĂ© gauche, et ce, aprĂšs avoir accompli une priĂšre spĂ©cifiques Ă cette fĂȘte qui marque chaque annĂ©e la fin du pĂšlerinage pour les Tunisiens comme pour tous les Musulmans.
En prĂ©vision de la Grande FĂȘte, une dynamique remarquable est enregistrĂ©e dans les "Rahba", espaces rĂ©servĂ©s et amĂ©nagĂ©s spĂ©cialement dans toutes les rĂ©gions tunisiennes pour vendre des moutons de sacrifice. Les Ă©leveurs et commerçants de moutons, venus de diffĂ©rentes rĂ©gions intĂ©rieures du pays, se rassemblent dans ces espaces pour exposer publiquement leur troupeaux.
Ces derniers jours, les Tunisiens s'affluent de plus en plus vers ces espaces afin d'acheter un mouton de sacrifice, puisque " la Grande FĂȘte porte cette annĂ©e un habit particulier du fait qu'elle vient juste aprĂšs un moment historique dans l'histoire de notre pays", a soulignĂ© un employĂ© de la banque M. AdnĂšne Aziz. " Avec la joie d'avoir exercĂ© librement leur droit Ă©lectorale pour la premiĂšre fois, les Tunisiens n'hĂ©siteront pas une seconde Ă bien prĂ©parer cette fĂȘte Ă la fois religieuse et conviviale".
Pour d'autres, la peine de chercher pour des jours un moutons à un prix convenable demeure insupportable. "Vu mes engagements professionnels en tant que cadre sécuritaire, je laisse la tùche de faire le tour des Rahba à ma famille", a affirmé M. Mohamed Ben Youssef (30 ans) qu'on a rencontré au centre-ville de la capitale en train de communiquer avec sa famille en la matiÚre.
"D'aprĂšs les premiĂšres impressions de mes collĂšgues, a-t-il ajoutĂ©, les prix des moutons cette annĂ©e demeurent trĂšs exorbitants par rapports Ă l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente, mĂȘme toucher la barre des 400 dinars (287 dollars) par tĂȘte, ce qui me semble insupportable pour une famille tunisienne notamment dans cette situation Ă©conomique incertaine".
Cette augmentation a Ă©tĂ© confirmĂ©e Ă©galement par le gouvernement tunisien. "Les prix des moutons de sacrifice restent libres et soumis Ă la loi de l'offre et de la demande du marchĂ©", a ainsi prĂ©cisĂ© samedi Ă Tunis M. Hassouna Jemaoui, directeur des enquĂȘtes Ă©conomiques au ministĂšre tunisien du Commerce et du Tourisme.
"La loi du marchĂ© pourrait ĂȘtre lĂ pour expliquer la hausse des prix des moutons Ă l'occasion de la Grande FĂȘte", a estimĂ© M. Ahmed Hamzaoui, pĂšre de famille qu'on a croisĂ© Ă la sortie d'un point de vente Ă la banlieue de Tunis, mais cette annĂ©e "bon nombre d'Ă©leveurs tunisiens n'ont pas exposĂ© leurs troupeaux de moutons comme d'habitude Ă cause de la situation sĂ©curitaire incertaine".
"Ainsi et selon la loi du marchĂ©, si la demande dĂ©passe de loin l'offre, les prix seront revus automatiquement Ă la hausse", a-t- il ajoutĂ©, soulignant que "c'est lĂ oĂč se manifeste fortement l'effet du volet sĂ©curitaire sur la situation Ă©conomique globale du pays".
Admettant que la quasi-majoritĂ© des moutons de sacrifice est assurĂ©e en Tunisie par les Ă©leveurs des rĂ©gions intĂ©rieures et frontaliĂšres, "la hausse des prix peut ĂȘtre traduite par la demande incessante sur le marchĂ© libyen qui a procurĂ© d'une bonne partie de la production tunisienne de moutons", a conclu M. Hamzaoui.
Bien que la Grande FĂȘte demeure une obligation Ă ne pas louper pour la plupart des Tunisiens, la religion islamique ne force pas les Musulmans Ă sacrifier un mouton au dĂ©triment de leurs capacitĂ©s financier. Ceux qui ne peuvent pas acquĂ©rir un mouton, une quantitĂ© de viande sera suffisante.
C'est ce qui a Ă©tĂ© confirmĂ© M. Brahim ChĂąabani qui est en train de nĂ©gocier le prix d'un mouton dans un "Rahba" en plein air. " Rien ne m'oblige Ă acheter dans des conditions pareilles: Une demande timide, des qualitĂ©s pas Ă la hauteur des mes attentes, mais surtout des prix hyper Ă©levĂ©s, trĂšs loin de la rĂ©alitĂ©, Ă mĂȘme d'affecter davantage le pouvoir d'achat du Tunisien", a-t-il confirmĂ©.
Vu l'absence de la sĂ©curitĂ© et du contrĂŽle, les Ă©leveurs tout comme les intrus continuent Ă dominer outrageusement le marchĂ© en imposant leurs prix, a-t-il expliquĂ©, tout en exprimant son mĂ©contentement quant Ă la diffĂ©rence de 100 dinars (prĂšs de 72 dollars) par tĂȘte de mouton par rapport Ă l'annĂ©e derniĂšre, ce qui "demeure inacceptable pour un Tunisien salariĂ© en moyenne de 450 dinars par mois".
AprĂšs une demi-heure de recherche, M. ChĂąabani a remarquĂ© que le prix par tĂȘte augmente au moins de 120 Ă 130 dinars (environ 86 Ă 94 dollars) cette annĂ©e. "Un mouton qui pĂšse Ă peine 30 kilogramme s'expose Ă 500 dinars (prĂšs de 360 dollars)". Pour lui, ce marchĂ© de l'anarchie et du dĂ©sordre est entachĂ© par une relative perte de l'autoritĂ© de l'Etat.
MalgrĂ© la flambĂ©e des prix et le dĂ©sordre du marchĂ©, le Tunisien semble ĂȘtre attachĂ© Ă cĂ©lĂ©brer la Grande FĂȘte, qui porte cette annĂ©e plus de significations et apporte chez lui une certaine quiĂ©tude et confiance, clairement observĂ©es dans les visages de tous ceux que nous avons rencontrĂ©s dans les diffĂ©rentes unitĂ©s de ventes de moutons.
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