DAKAR, 28 décembre (Xinhua) -- La Casamance, la région sud du Sénégal, a renoué avec la violence alors que l'annonce de la tenue prochaine des assises du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC, indépendantiste) avaient suscité des espoirs d'un retour à la paix et de fin d'un conflit qui persiste depuis 1982.
Le dernier accrochage entre militaires sénégalais et des hommes armés supposés appartenir au MFDC qui a eu lieu lundi a été particulièrement meurtrière. Bilan des affrontements : 7 militaires tués et plusieurs morts du côté des assaillants, selon la direction de l'information et des relations publiques de l' armée (DIRPA).
Dans un communiqué, la DIRPA donne plus détails : « Le lundi 27 décembre 2010, l'armée a fait face à une centaine de rebelles qui voulaient entrer dans Bignona, à partir de la forêt de Boutola, située à quatre kilomètres au nord de cette localité. Ces accrochages ont entraîné la mort de sept militaires dont quatre par accident. De lourdes pertes ont été enregistrées côté rebelles avec de nombreux blessés ».
En novembre, des affrontements dans le même département ( Bignona) entre militaires et des assaillants s'étaient soldés par la mort de trois militaires sénégalais.
Le nombre de braquages de véhicules n'a pas cessé d'augmenter depuis plusieurs années sans qu'on sache s'il s'agit de rebelles indépendantistes ou de bandits armés, alors que le dernier un accord de paix a été signé en 2004.
Cet accord a apparemment du mal à être appliqué à cause essentiellement des dissensions au sein du MFDC, mouvement éclaté en plusieurs tendances dont certaines ne reconnaissent pas la validité du document.
Selon les observateurs, le dernier affrontement bien que l'un des plus meurtrier depuis plusieurs années, ne compromettront pas les assises internes du MDFC, prévues en janvier à Banjul (Gambie).
Amacodou Diouf, spécialiste de la Casamance dans une ONG, explique le dernier affrontement par le fait que le maquis est confronté à des problèmes alimentaires. Mais, rassure-t-il, « ces attaques épisodiques ne peuvent constituer un obstacle à la dynamique enclenchée et qui permettra aux acteurs de la crise casamançaise de se retrouver ».
Pour sa part, Moussa Cissé, secrétaire général du collectif des cadres casamançais (une structure qui tente de réunir autorités et MFDC autour d'une table) estime aussi que « cet accrochage ne freinera pas les discussions en cours entre Etat et MFDC ».
Ces assises vont régler des problèmes importants comme celui de la « légitimité du secrétaire général du MFDC pour que l'on puisse avoir un interlocuteur précis au niveau du mouvement", confie M. Diouf.
Elles doivent aussi, poursuit-il, "pousser à la réflexion sur l' opportunité de la bataille ». Pour l'instant, les autorités sénégalaises ne se sont pas encore prononcées sur cette reprise de la violence en Casamance.
Depuis 1982, le MFDC réclame l'indépendance de la Casamance. Les affrontements y sont fréquents et parfois sanglants. Après plusieurs tentatives visant à rétablir la paix, le gouvernement du Sénégal signe, le 30 décembre 2004 un accord général de paix avec le MFDC.
Le document prévoit entre autres, la création d'un Conseil de surveillance de l'accord de paix (composé de représentants de l' Etat, du MFDC et de la société civile), la mise en place d'un groupe d'observateurs chargés de la démobilisation et du désarmement des rebelles.
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