Tunisie : Un chef d'Ennahda Ă©voque le renouveau d'un "califat" en Tunisie
le 16/11/2011 10:15:08
Tunisie

16112011
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TUNIS (Reuters) - Le secrétaire général du parti islamiste tunisien Ennahda, Hamadi Jbeli, a provoqué un tollé mardi en parlant d'un renouveau du "califat", ou Etat islamique.





Dans un document vidéo diffusé sur internet, on voit Hamadi Djbeli disant à ses partisans que "Nous nous trouvons dans le sixième califat, si Dieu le veut!"

Les propos de Jbeli, candidat de sa formation au poste de Premier ministre, compliquent les efforts d'Ennahda pour former un gouvernement de coalition après sa victoire aux élections constituantes du 23 octobre.

Ennahda avait rassuré jusqu'à présent les Tunisiens en affirmant qu'il n'imposerait pas à la société des règles islamiques pures et dures et respecterait l'égalité hommes-femmes, mais ces déclarations de Jbeli laissent penser à certains, dans le camp laïque, que ce parti cache son jeu.

Khemaïs Ksila, membre du comité exécutif du parti Ettakatol, qui négocie avec Ennahda la formation d'une coalition, a annoncé que sa formation suspendait sa participation à deux des trois commissions conjointes de discussion.

"Nous n'acceptons pas de telles déclarations. Nous pensions que nous allions mettre en place une seconde république avec notre partenaire, et non pas un sixième califat", a-t-il expliqué.

ENNAHDA PARLE DE MAUVAISE INTERPRETATION

Le califat est un système de gouvernement des pays islamiques fondé sur la "charia" (loi islamique). Il y eut dans l'histoire cinq califats sous différentes dynasties, avant que Mustafa Kemal Atatürk, père de la République laïque turque, n'abolisse le dernier au début du XXe siècle.

Dans la vidéo postée sur internet, Jbeli, prisonnier politique sous l'ancien président Zine ben Ali, déclare à ses partisans: "Mes frères, vous vous trouvez à un moment historique (...), dans un nouveau cycle de civilisation, si Dieu le veut (...). Nous sommes dans le sixième califat, si Dieu le veut!"

Le recours au terme de califat, sur la scène politique arabe, est très délicat car il s'agit d'un concept brandi par les organisations islamistes les plus radicales, comme Hizb-ut-Tahrir, qui est interdite dans de nombreux pays.

Les mouvements islamistes modérés comme Ennahda ou, en Egypte, les Frères musulmans, s'abstiennent généralement de l'utiliser en raison de ses connotations.

Un responsable d'Ennahda a déclaré que les adversaires de son parti cherchaient délibérément à fausser ce qu'a dit Hamadi Jbeli. "Jbeli voulait parler de bonne gouvernance et de rupture avec la corruption (...) et non pas de l'établissement d'un régime islamique", a assuré à Reuters Faouzi Kamoun, directeur du cabinet de Jbeli.

Ennahda est dirigé par Rachid Ghannouchi, érudit musulman qui a passé 22 années en exil à Londres. De l'avis des diplomates occidentaux, ses prises de position modérées sont sincères, mais certains, au sein de la base d'Ennahda, aimeraient qu'il suive une voie plus radicale.

Tarek Amara; Eric Faye pour le service français

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