18112011 Jeune afrique Après quatre décennies de règne sans partage de Mouammar Kaddafi, la transition démocratique s’annonce difficile en Libye. Jeudi, des anciens combattants rebelles ont fait savoir au Premier ministre Abdel Rahim al-Kib leur ferme intention d’intégrer le nouveau gouvernement.
Abdel Rahim al-Kib savait la tâche ardue. Fermement décidé à mener à bien la transition en Libye, il avait affirmé que le futur gouvernement serait composé presque uniquement de technocrates. Mais c’était sans compter Abdelhakim Belhaj, chef du Conseil militaire de Tripoli, qui a réclamé jeudi soir « certains portefeuilles ministériels bien précis » dans le prochain gouvernement, dont la formation devrait être révélée dimanche.
M. Belhaj, ancien chef du Groupe islamique combattant en Libye (GICL) s’est quant à lui chargé de rappeler au Premier ministre le rôle clef des thowar (les civils ayant pris les armes contre le régime de Kaddafi), trop vite écartés du pouvoir. « Il est dangereux de dire que le travail des thowar est fini » a-t-il ajouté, menaçant. Dans la matinée de jeudi, une réunion exceptionnelle avait lieu à Al-Baïda, à 200 km de Benghazi. Environ 150 officiers et sous-officiers de l’ancienne armée libyenne ralliée à la rébellion s’était rassemblés pour approuver, à l’unanimité, la nomination de Khalifa Haftar, comme chef d’état-major. Ils ont également applaudi la « réactivation » de l’armée. Militaire exilé depuis sa défection après le conflit entre le Tchad et la Libye à la fin des années 1980, Khalifa Haftar était rentré en Libye en mars dernier pour rejoindre la rébellion.
Rivalités militaires et poussée islamiste
Une nomination immédiatement dénoncée par Abdallah Naker, chef du Conseil des thowar de Tripoli, lors d’un rassemblement de commandants de plusieurs régions libyennes. Les participants à la réunion ont réclamé un report de la nomination d’un chef d’état-major, au moins jusqu’à la formation définitive d’un nouveau gouvernement. M. Naker a en outre déploré que les thowar n’aient « été consultés pour la nomination d'un chef d'état-major. » « Nous avons des compétences mais ils ne nous ont pas donné l'occasion de présenter nos candidats » a-t-il ajouté. Il a également plaidé pour « la transparence et la non marginalisation des thowar », qui, selon lui, devraient logiquement obtenir une place importante dans le nouveau gouvernement.
Mais les anciens combattants rebelles ne sont pas les seuls à réclamer leur part du gâteau. Les islamistes sont eux aussi bien décidés à intégrer le futur gouvernement libyen. Les Frères musulmans libyens ont en effet inauguré jeudi soir à Benghazi leur premier congrès public depuis près de 25 ans. Une occasion pour eux de promouvoir un islam modéré et de se déclarer prêts à partager le pouvoir dans le cadre d’un État démocratique, selon M.Abdel Kader, chef de la confrérie en Libye.
(Avec AFP)
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