DOUALA (Cameroun), 31 décembre (Xinhua) -- Le déficit budgétaire du Cameroun devrait s'élever à 405 milliards Fcfa ( environs 810 millions dollars US) en 2010, soit 4% du Produit intérieur brut (PIB), indique une note d'information de la direction générale du Trésor dont on a obtenu copie vendredi.
"Pour cette année, les recettes ont baissé. Mais surtout, certaines dépenses n'ont pas été budgétisées (les dépenses liées à l'organisation du cinquantenaire de l'indépendance et celles se rapportant à la préparation du comice agropastoral d'Ebolowa). Malgré le collectif budgétaire de septembre 2010 qui a conduit l'Etat à revoir à la baisse certains postes de dépenses, le déficit devenait en fait inévitable", explique le Pr Désiré Avom, enseignant à la Faculté des sciences économiques et de gestion de l'université de Yaoundé II Soa.
Les recettes totales se situent à 17,3% du PIB, tandis que les dépenses constituent 21,3%, reflétant, selon la note, la politique volontariste du gouvernement.
Après une décennie d'excédents dont le dernier fut de 2,2% en 2008, le Cameroun connaît son deuxième déficit, avec respectivement -0,1% et -4% en 2009 et 2010.
"L'évolution économique est par nature fluctuante. Elle dépend de l'évolution de certaines variables. Partant de cette situation, il est généralement recommandé de faire un lissage budgétaire, c'est-à -dire épargner pendant les périodes favorables et utiliser cette épargne pendant les périodes de mauvaise conjoncture afin de protéger le consommateur contre ces variations", recommande le Pr Avom.
Selon la note de la direction général du Trésor, le déficit courant primaire hors pétrole affiche -7,9% du PIB, soulignant le rôle d'amortisseur de l'or noir qui représente plus de 40% des recettes budgétaires de ce pays d'Afrique centrale.
La note indique par ailleurs quatre moyens de financement de ce déficit : le recours au marché monétaire (avances statutaires de la banques centrale, bons du trésor) ; l'émission des titres publics par appel public à l'épargne ; le recours aux prêts concessionnels des bailleurs de fonds internationaux et les tirages sur les dépôts de l'Etat auprès du secteur bancaire.
"L'emprunt obligataire devrait être une pratique courante pour le financement du budget. Car, si on considère le fait que les banques ne donnent pas les crédits par peur des risques, l'Etat peut puiser dans les dépôts énormes auprès des banques pour financer le budget. Il y a aussi les assurances qui peuvent apporter un souffle budgétaire au crédit du budget", suggère Léonard Eoussa, analyste des politiques publiques et spécialiste du budget de l'Etat.
L'économiste Désiré Avom propose pour sa part une autre approche pour combattre ces déficits.
"Il faut réduire les dépenses, mais pas celles des secteurs sociaux, et surtout améliorer la qualité de la dépense. On peut aussi, comme c'est le cas actuellement, recourir à l'emprunt en maitrisant les conditions de remboursement".
Pour Léonard Eoussa, "le déficit, qui n'est pas aussi mauvais que cela, peut-être contenu si on modifie la planification du budget en évoluant vers un budget pluriannuel, sur trois ans par exemple".
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