20112011 Yahoo.fr OUIDAH, Bénin (Reuters) - Le sida est un problème "avant tout éthique" qui requiert un "changement de comportement", estime le pape Benoît XVI dans un texte signé samedi au Bénin et qui évite la question du préservatif.
Lors de son précédent et unique voyage en Afrique, il y a deux ans, le chef de l'Eglise catholique avait dit à des journalistes que le préservatif pouvait contribuer à répandre le sida. Après une vive polémique, le Vatican avait affirmé que ses propos étaient sortis de leur contexte.
Dans l'"Exhortation apostolique" sur l'Afrique, signée lors d'une cérémonie à Ouidah, dans le sud du Bénin, le pape écrit que "la réponse médicale et pharmaceutique" au sida est "insuffisante car le problème est plus profond".
L'abstinence, "le refus de la proximité sexuelle" et la fidélité sont les meilleures façons de combattre l'épidémie, peut-on lire dans ce texte, dans la droite ligne de la doctrine du Vatican sur cette question.
Le mot "préservatif" est absent du document pontifical, qui reprend les conclusions d'un synode des évêques africains, réuni en 2009 au Vatican.
Le texte appelle par ailleurs les catholiques africains à entretenir de bonnes relations avec l'islam et les religions traditionnelles sans renoncer à leur identité.
Ouidah est considérée comme la capitale du vaudou en Afrique de l'Ouest, et la cathédrale où Benoît XVI a prononcé sa prière faisait face à un grand temple.
Plusieurs dizaines de prĂŞtres vaudous et leurs femmes, curieux et admiratifs, ont accueilli le souverain pontife devant leur "Temple des Pythons".
"Pour eux, le pape, c'est le top du top", a assuré Alexandre Ayité, un diplomate béninois.
"ANALYSE CHAGRINE"
Plus tôt dans la journée, à Cotonou, le pape a appelé le monde développé à ne plus jeter un regard condescendant et moralisateur sur l'Afrique mais à proposer de véritables partenariats susceptibles de régler les problèmes du continent.
"Trop souvent, notre esprit s'arrête à des préjugés ou à des images qui donnent de la réalité africaine une vision négative, issue d'une analyse chagrine", a dit Benoît XVI.
"Il est toujours tentant de ne souligner que ce qui ne va pas; mieux encore, il est facile de prendre le ton sentencieux du moralisateur ou de l'expert, qui impose ses conclusions et propose, en fin de compte, peu de solutions adaptées", a-t-il poursuivi dans un discours devant des responsables béninois, dont le président Thomas Boni Yayi, et le corps diplomatique.
La visite de trois jours que Benoît XVI effectue au Bénin s'achèvera dimanche avec une messe au Stade de l'amitié de Cotonou.
Le pape a expliqué avoir choisi le Bénin en raison de l'exemplarité de cette ex-colonie française d'Afrique de l'Ouest qui, a-t-il dit, connaît la démocratie ainsi qu'une coexistence harmonieuse entre chrétiens, musulmans et animistes.
L'Afrique ne doit pas être considéré uniquement comme "un énorme réservoir énergétique, minéral, agricole et humain facilement exploitable pour des intérêts souvent peu nobles", a dit Benoît XVI.
"Nombreux ont été les conflits engendrés par l'aveuglement de l'homme, par sa volonté de puissance et par des intérêts politico-économiques qui font fi de la dignité des personnes ou de celle de la nature", a-t-il dit.
La veille, il avait invité les pays africains à résister à la tentation de "capituler face à la loi du marché et de la finance".
Jean-Loup Fiévet, Henri-Pierre André et Clément Guillou pour le service français
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