22112011 Jeune Afrique Par son attitude jusqu’au-boutiste pendant l'élection présidentielle libérienne, Winston Tubman, le candidat de l’opposition, a pris le risque de raviver de vieilles tensions.
Candidat du Congrès pour le changement démocratique (CDC), Winston Tubman aura au moins réussi à fragiliser le début du deuxième mandat d’Ellen Johnson-Sirleaf, réélue au second tour de la présidentielle libérienne, mais avec un taux de participation de 38,6 % seulement. Le mot d’ordre de boycott du scrutin lancé par l’opposant – arrivé deuxième au premier tour avec 32,7 % des voix, contre 43,9 % pour Sirleaf –, en protestation contre des irrégularités, a donc été bien suivi.
Pour autant, il n’est pas sûr que cet avocat de 60 ans, allié avec l’ex-footballeur George Weah, en tire profit. Ses compatriotes pourraient lui faire grief d’avoir ravivé des tensions datant de la guerre civile (1989-2003). Pour les observateurs, si une majorité de Libériens a boudé les urnes le 8 novembre, c’est d’abord par crainte d’une reprise des violences. La veille du scrutin, la manifestation organisée par le CDC a dégénéré en affrontements, causant la mort d’au moins deux personnes.
Position délicate
Formé à Harvard (comme Sirleaf), ancien ministre de la Justice (1982-1983) et ex-haut représentant de l’ONU en Somalie très apprécié de Kofi Annan, le neveu du président William Tubman présente un profil autrement plus recommandable que celui de l’ancien chef de guerre Prince Johnson (arrivé troisième au premier tour et rallié à Sirleaf). Son programme avait séduit les intellectuels, et son alliance avec Weah lui assurait le soutien de la jeunesse, notamment dans l’est du pays, d’où il est originaire. Il a surpris en s’obstinant à demander le report du scrutin malgré le remplacement du président de la Commission électorale et les pressions de la Cedeao et des États-Unis, qui avaient jugé le premier tour acceptable.
Alors que la présidente sortante obtiendrait 90,8 % des voix, contre 9,2 % à Winston Tubman, dont le nom apparaissait tout de même sur les bulletins, le candidat du CDC semble dans une position délicate. Le 11 novembre, des cadres du parti ont fait part sur les radios locales de leur intention de saisir la proposition faite la veille par Sirleaf de former un gouvernement d’union. Et ont déclaré regretter le boycott.
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