23112011 Yahoo.fr LE CAIRE (AP) — Le Conseil suprême des forces armées, qui dirige l'Egypte depuis la chute d'Hosni Moubarak, a lâché du lest mardi alors que des milliers de manifestants s'étaient rassemblés pour le quatrième jour consécutif place Tahrir, dans le centre du Caire, exigeant la fin du pouvoir militaire. Le Conseil suprême a ainsi avancé au 1er juillet 2012 la date de transfert du pouvoir à un gouvernement civil, et va d'ici là constituer une équipe de "salut national", en remplacement de l'exécutif démissionnaire du Premier ministre Essam Charaf.
L'annonce a été aussitôt rejetée par les dizaines de milliers de personnes rassemblées place Tahrir, qui réclament le transfert immédiat du pouvoir à une autorité civile de transition. "Nous ne partons pas, lui il part", a scandé la foule en référence au maréchal Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême. "Le peuple veut la chute du maréchal", ont-ils crié inlassablement, dans une scène rappelant les journées du soulèvement populaire qui a conduit à la chute du président Hosni Moubarak en février.
Un peu plus tard, dans un discours télévisé à la nation, le maréchal Tantaoui a affirmé que l'armée était prête à organiser un référendum sur le transfert immédiat du pouvoir à une autorité civile, si le peuple le demandait. Il a également précisé qu'une élection présidentielle serait organisée avant le 30 juin. Sa proposition a été immédiatement rejetée par les manifestants de la place Tahrir, qui ont répondu en scandant "erhal!" ("dégage!").
Aboul-Ela Madi et Mohammed Selim el-Aoua, deux hommes politiques qui ont participé mardi à une réunion de crise de cinq heures entre le CSFA et des représentants de partis, ont précisé que le conseil militaire avait accepté la démission, présentée la veille, du gouvernement civil intérimaire de M. Charaf.
Selon ces responsables, le Conseil suprême a également accepté de libérer tous les manifestants arrêtés depuis le début des troubles samedi, et de juger les policiers et militaires responsables de la mort de manifestants, dont 29 ont été tués ces derniers jours.
Le Conseil suprême a également convenu d'organiser avant la fin juin 2012 une élection présidentielle, considérée comme la dernière étape avant le transfert du pouvoir.
Jusqu'ici, le CSFA avait évoqué un transfert du pouvoir aux civils vers fin 2012 ou début 2013. Sa concession sur le calendrier de transfert du pouvoir intervient à moins d'une semaine du début des élections législatives, premier scrutin de l'ère post-Moubarak qui doit débuter lundi et s'étaler sur trois mois. Son maintien ou pas reste une des plus grandes incertitudes dans la situation actuelle.
Au total, 12 représentants de partis politiques et candidats à la magistrature suprême ont participé à la réunion de crise destinée à désamorcer les appels à une "deuxième Révolution". Tous les partis égyptiens n'étaient pas représentés.
Les services du prix Nobel de la paix Mohamed ElBaradei, ancien patron de l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique), ont indiqué qu'il n'avait pas participé à la réunion, mais était en contact avec les militaires. Ils ont précisé qu'il préférait continuer à servir d'intermédiaire entre le militaires et les manifestants tant que la crise n'était pas réglée.
Le nom de M. ElBaradei a été cité par les manifestants comme un candidat acceptable au poste de Premier ministre en remplacement de M. Charaf, dont l'exécutif a été très critiqué pour son manque d'efficacité et sa dépendance au pouvoir militaire.
Les forces de sécurité n'étaient pas présentes sur la place Tahrir mardi, mais des affrontements ont été signalés dans des rues adjacentes et près du ministère de l'Intérieur. La police a tiré des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc, les manifestants répliquant avec des jets de pierre et des bombes incendiaires.
L'incertitude politique et la crainte de nouvelles violences ont porté un nouveau coup à la Bourse égyptienne, qui a enregistré une troisième séance consécutive de baisse. L'indice EGX30 a ainsi clôturé en recul de 4,78% à 3.676 points, perdant du terrain malgré une suspension des échanges de près d'une heure.
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