11122011 Xinhua La tension était croissante samedi en République démocratique du Congo, surtout à Kinshasa, où des violences qui auraient fait plusieurs morts ont éclaté après la réélection contestée de Joseph Kabila, et où le gouvernement menace l'opposant Etienne Tshisekedi pour s'être autoproclamé président.
La tension était croissante samedi en République démocratique du Congo (RDC), surtout à Kinshasa, où des violences qui auraient fait plusieurs morts ont éclaté après la réélection contestée de Joseph Kabila, et où le gouvernement menace l'opposant Etienne Tshisekedi pour s'être autoproclamé président.
Il était difficile d'établir un bilan sûr des incidents qui se sont produits dans la nuit de vendredi à samedi après la proclamation des résultats par la Commission électorale (Céni), qui ont donné Joseph Kabila vainqueur avec 48,95% des voix face à Etienne Tshisekedi (32,33%). Quatre personnes ont été tuées par balle par les forces de l'ordre à Kinshasa entre vendredi soir et samedi, a annoncé le chef de la police de RD Congo, le général Charles Bisengimana. Selon le général, il s'agit de trois pillards et d'une femme qui a été mortellement atteinte par une balle perdue.
Radio Okapi, la radio parrainée par la mission de l'ONU, a fait état de six morts dans la capitale. D'autres sources consultées par l'AFP parlent de deux décès, un enfant et un policier, sans pouvoir donner de circonstances précises.
Dans un hôpital du quartier de Lukunga (ouest de Kinshasa) un photographe de l'AFP a vu un homme d'une vingtaine d'années tué d'une balle en pleine tête. "Kin" est quadrillée par la police, des militaires et des éléments de la garde républicaine, ont constaté des journalistes de l'AFP. Quasiment aucun taxi ou véhicules ne circulent, les stations-service sont fermées comme de nombreux magasins, dont quelques-uns ont été pillés vendredi soir. On entendait encore quelques détonations sporadiques à la mi-journée.
Des policiers accusés de vol
A Bumbu (centre), des civils armés de battes de base-ball secondent des policiers qui procèdent à des interpellations musclées. Des habitants accusent les policiers de vol. "Le gouvernement nous a dit de travailler calmement. Mais comment ils peuvent nous piller comme ça?", grogne un vendeur de pain qui s'est fait voler sa recette.
A Limete (est), où Etienne Tshisekedi a son QG, un témoin a affirmé à l'AFP que des "combattants" (militants) du parti de ce dernier, l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), étaient armés de kalachnikov. C'est depuis ce quartier populaire que le vieil opposant de 78 ans s'est autoproclamé "président élu" de la RDC vendredi soir. En rejetant "en bloc" le résultat de la Céni, il a donné son propre score: 54% des voix contre 26% à Joseph Kabila. Il a exhorté les Congolais "à rester soudés" derrière lui "pour faire face aux évènements qui vont suivre", mais a toutefois appelé la population à "rester calme et sereine".
Dans une première réaction, le porte-parole du gouvernement Lambert Mende a qualifié samedi cette proclamation d'"infraction à la loi" et d'"atteinte à la Constitution". "Nous devons dénoncer fermement l'autoproclamation (comme président élu) de M. Etienne Tshisekedi (...) Il s'agit d'un acte irresponsable qui viole les lois de la République", a-t-il déclaré à la presse Lambert Mende.
Tshisekedi qualifie la CSJ d'"institution privée de M. Kabila"
Inquiète des violences, la communauté internationale, de Washington, à Londres, Bruxelles et Paris, a appelé au dialogue et à l'apaisement, invitant les acteurs politiques à utiliser "les moyens légaux" s'ils veulent contester le résultats. Les 11 candidats en lice ont 48 heures pour le faire à partir de l'annonce de la Céni.
Appelant au calme, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a demandé "que tous les différends concernant les résultats provisoires des élections soient résolus pacifiquement par l'intermédiaire des mécanismes légaux et de médiation existants". Depuis vendredi, la Cour suprême de justice (CSJ) a pris le relais de la Céni et proclamera officiellement le vainqueur le 17 décembre. Etienne Tshisekedi a exclu d'emblée tout recours devant la CSJ, en la qualifiant d'"institution privée de M. Kabila".
Le Royaume-Uni s'est dit "préoccupé" par des soupçons d'"irrégularités" et a appelé la CSJ à examiner tous les recours "rapidement et de façon transparente". La CSJ a déjà l'objet de critiques. Fin novembre les missions de l'Union Européenne (UE) et du Centre Carter ont dénoncé son "manque de transparence" en matière de contentieux électoraux. Jusqu'au 28 octobre, la Cour suprême comptait sept magistrats, mais le président Kabila en a nommé de nouveaux pour arriver à un total de 27.
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