12122011 Jeune afrique Une première évaluation internationale du processus électoral en République démocratique du Congo a relevé des "irrégularités graves", mais Kinshasa, toujours quadrillée par la police, retournait dimanche à plus de normalité.
Une première évaluation internationale du processus électoral en République démocratique du Congo a relevé des "irrégularités graves", mais Kinshasa, toujours quadrillée par la police, retournait dimanche à plus de normalité.
Les observateurs du Centre Carter ont estimé dans un communiqué publié samedi soir que le processus de compilation des résultats "n'était pas crédible". Mais l'ONG de l'ancien président américain Jimmy Carter a évité de conclure que les irrégularités relevées suffisaient à remettre en cause l'arrivée en tête de la présidentielle du 28 novembre du président sortant Joseph Kabila.
La Commission électorale (Céni) a annoncé la victoire de M. Kablila avec 48,95% des voix contre 32,33% à l'opposant Etienne Tshisekedi , qui a rejeté ces résultats et s'est autoproclamé "président élu" de la RD Congo.
Retour au calme
Après deux jours de violences qui ont fait au moins quatre morts à Kinshasa, la situation y était "relativement calme" dimanche, selon une source policière. Les rues étaient plus animées et les forces de police plus discrètes. Les taxis "ont repris timidement. C'est un jour sacré, les gens doivent aller à l'église. Le travail devrait reprendre lundi", a ajouté cette source. Dans la nuit de samedi à dimanche, toutefois, une tentative d'évasion de la prison militaire Ndolo, au centre de la capitale, a fait trois morts et 4 blessés, selon une source de sécurité.
Les 70 observateurs du Centre Carter ont noté des "irrégularités graves" dans le fonctionnement des Centres locaux de compilation (CLCR), chargés de rassembler les résultats des quelques 64.000 bureaux de vote répartis dans 169 circonscriptions. Le processus de compilation s'est avéré particulièrement problématique à Kinshasa, favorable à M. Tshisekedi, et Lubumbashi (au Katanga, sud-est), où M. Kabila a fait des scores très élevés.
Selon le Centre Carter, "les déficiences généralisées se sont déclinées à l'extrême dans ces deux sites". Dans la capitale, "près de 2.000 plis de résultats de bureaux de vote ont été perdus (représentant à peu près 350.000 électeurs) et ne seront jamais comptés", ainsi que 1.000 autres plis perdus dans le reste du pays (environ 500.000 électeurs), révèle l'ONG.
Le cas du Katanga
Les résultats de la Céni "relèvent plusieurs données qui manquent de crédibilité", particulièrement au Katanga. L'ONG cite le cas de la circonscription de Malemba-Nkulu, où tous les 493 bureaux de vote ont été pris en compte, le taux de participation est de 99,46%, et M. Kabila totalise 100% des voix. Dans de nombreux bureaux du Katanga, M. Kabila récolte 100% des suffrages, avec des taux de bureaux compilés et de participation très hauts.
En revanche, à Kinshasa notamment, les taux de compilation et de participation sont souvent plus faibles. Ainsi, dans la circonscription de Lukunga, seuls 1.709 bureaux (sur 2.593) ont été pris en compte, avec 386.288 votants sur 833.513 inscrits. Dans la province du Kasaï occidental (centre), où M. Tshisekedi a souvent obtenu des très bons scores, "dans 11 des 12 CLCR le taux de participation était inférieur à la moyenne nationale", qui a été de 58,81%.
Le Centre Carter a observé dans plusieurs CLCR des sacs de bulletins "empilés dans tout espace disponible ou renversés sur le sol où ils étaient piétinés", et à Kinshasa des fiches de résultats "ont été mises à sécher sur un étendoir" après une forte pluie. Mais ces constations "ne remettent pas en cause l'ordre des résultats des (11) candidats tels qu'annoncés par la Céni", conclut l'ONG.
Les candidats et partis ont jusqu'à mardi pour déposer des recours devant la Cour suprême de justice, qui a pris le relais de la Céni et doit proclamer officiellement le nom du vainqueur le 17 décembre.
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