12122011 Jeune afrique La Mauritanie a appelé dimanche à ne pas payer de rançons pour faire libérer les otages européens détenus dans le Sahel par la branche maghrébine d'Al-Qaïda, lors d'une réunion à Nouakchott de ministres de la Défense de dix pays d'Europe du sud et d'Afrique du nord.
La Mauritanie a appelé dimanche à ne pas payer de rançons pour faire libérer les otages européens détenus dans le Sahel par la branche maghrébine d'Al-Qaïda, lors d'une réunion à Nouakchott de ministres de la Défense de dix pays d'Europe du sud et d'Afrique du nord.
"Je demande à tous de travailler pour le tarissement des sources du terrorisme et d'acculer les preneurs d'otages dans leurs derniers retranchements en s'abstenant de payer des rançons", a déclaré Ahmedou Ould Idey, ministre mauritanien de la Défense, à l'ouverture de cette réunion. Elle réunit les ministres de la Défense du groupe "5+5" du pourtour méditerranéen: Espagne, France, Italie, Malte et Portugal pour l'Europe du sud, Algérie, Libye, Tunisie, Maroc et Mauritanie pour l'Afrique du nord.
Cette rencontre est la première depuis les changements de régime dans deux des pays du groupe, Libye et Tunisie, et la victoire des islamistes aux législatives de novembre au Maroc. Oussama Jouili, nouveau ministre libyen de la Défense, a été salué par ses pairs à l'ouverture de la rencontre. Les ministres ont évoqué les moyens de renforcer la lutte contre l'insécurité dans le Sahel provoquée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui y a récemment multiplié les enlèvements, et la prolifération d'armes issues du récent conflit libyen.
Au total, douze Européens, dont six Français, sont retenus en otage dans le Sahel par Aqmi et un groupe dissident. "Nous gardons, par tous moyens appropriés, le maximum de canaux d'informations et, le cas échéant, de négociations", a déclaré Gérard Longuet, ministre français de la Défense, avant la rencontre et les propos de son homologue mauritanien. "Cela n'interdit pas de porter un jugement définitif sur les gens qui prennent des otages, mais le principe de vérité s'impose, nous souhaitons d'abord les récupérer", a-t-il ajouté.
"La France n'est pas acteur"
Outre les activités d'Aqmi, la révolution libyenne a provoqué le retour au Mali et au Niger de centaines d'hommes lourdement armés, essentiellement des Touareg, qui avaient combattu aux côtés des forces de Mouammar Kadhafi, accentuant l'instabilité dans le Sahel. Ahmedou Ould Idey a réaffirmé la détermination de la Mauritanie à faire face "aux défis sécuritaires dans la région", rappelant que "sa stratégie de frappes préventives et de renforcement des capacités de son armée ont porté leurs fruits".
Gérard Longuet a salué "le sens de la responsabilité de la Mauritanie" qui a mené depuis 2010 des raids contre des bases d'Aqmi dans le nord du Mali, réaffirmant qu'elle pouvait compter sur "le soutien" de Paris. Selon lui, la sécurité dans le Sahel est avant tout "l'affaire des Etats" de la région. "La France n'est pas acteur, elle n'a pas de responsabilité directe, elle souhaite que les pays concernés, riverains, s'engagent, et ne peut pas le faire en leur lieu et place", a-t-il affirmé. "Cependant", a-t-il ajouté, s'ils "ont le sentiment que nous pouvons leur être utile, et s'ils nous adressent des demandes précises, naturellement nous les examinerons".
La réunion de Nouakchott se tient juste après la revendication par Aqmi de l'enlèvement de cinq otages européens (deux Français, un Sud-africain ayant aussi la nationalité britannique, un Suédois et un Néerlandais) les 24 et 25 novembre à Hombori et Tombouctou, dans le nord du Mali. Un groupe dissident d'Aqmi, le Mouvement unité pour le Jihad en Afrique de l'Ouest, a revendiqué samedi l'enlèvement fin octobre à Tindouf, dans l'ouest de l'Algérie, de trois coopérants de nationalité espagnole et italienne.
L'apparition de ce groupe, inconnu jusqu'alors, fait craindre une extension des activités des islamistes radicaux à toute l'Afrique de l'Ouest. La lutte anti-terroriste est également à l'ordre du jour de la visite à Alger du président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz.
|