Soudan : La riviera soudanaise espère des jours meilleursLa riviera soudanaise espère des jours meilleurs
le 19/12/2011 09:12:26
Soudan

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Jeune afrique
La côte est célèbre pour ses sites de plongée sous-marine, sa culture nomade africaine et son port historique aux maisons bâties en corail. Mais les touristes ne se pressent pas au bord de la mer Rouge soudanaise, contrairement aux espoirs de Khartoum.






Sur la corniche de Port Soudan, des jeunes jouent au snooker, fument la pipe à eau et observent les mouvements des bateaux sur les docks, par une douce soirée de décembre, en pleine haute saison touristique. Mais les étrangers sont très rares.

Les bateaux de plongée mouillent au port, attendant d'emmener les vacanciers aventureux explorer de riches fonds sous-marins, des épaves spectaculaires ou encore les vestiges d'étranges expériences de vie sous l'eau menées par Jacques Cousteau.

Lorenzo Orso, patron du Don Questo, l'un de ces bateaux de plongée, explique qu'il perd de l'argent depuis 2009, sous le double effet de la crise économique mondiale et de l'inculpation du président soudanais Omar el-Béchir devant la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l'humanité au Darfour.

"Le Soudan a divers handicaps. Après la partition (avec le Soudan du Sud), nous avons eu les troubles en Egypte, alors les gens hésitent à venir s'il y a une escale au Caire", explique-t-il.

Le Soudan du Sud a proclamé son indépendance le 9 juillet, gardant avec lui 75% des réserves de pétrole --exportées via un terminal situé juste au sud de Port Soudan-- et laissant le gouvernement soudanais, déjà sans le sou, chercher désespérément de nouvelles sources de revenus.

En septembre, les autorités avaient estimé à 550. 000 le nombre de touristes en 2010, ajoutant que cette activité avait généré 616 millions de dollars de recettes. La même année, l'Egypte voisine a reçu 15 millions de vacanciers.

Khartoum misait sur une hausse de 20% en 2011, espérant que les tensions dans d'autres pays arabes détourneraient vers le Soudan une partie des touristes en quêtes de destinations "plus sûres". Mais aux yeux des Occidentaux, le Soudan n'a rien de sûr.

- Maisons de corail -

"Les étrangers ont peur de venir. J'ai des amis qui sont venus des Pays-Bas, et dès leur descente d'avion à Khartoum ils pensaient qu'on allait leur tirer dessus. Ce n'est pas le cas. C'est dingue", estime Imran, une Soudanaise qui dirige un hôtel à 30 km au nord de Port Soudan.

Si la capitale est en effet éloignée des conflits au Darfour à l'ouest et près de la nouvelle frontière au sud, la région de la mer Rouge n'est pourtant pas un havre de paix.

Début avril, deux hélicoptères Apache venus de la mer ont tiré des missiles et à la mitrailleuse sur une voiture qui arrivait de l'aéroport de Port Soudan, selon le ministère des Affaires étrangères.

Les soupçons se sont tournés vers Israël, qui n'a pas fait de commentaire, mais avait souvent dénoncé un vaste trafic d'armes transitant par Port Soudan.

Le choix du gouvernement islamique d'interdire la vente d'alcool et les sanctions américaines qui empêchent l'utilisation des cartes de crédit occidentales sont également susceptibles de refroidir les ardeurs des touristes.

Mais ceux qui parviennent à faire fi de ces détails ne le regrettent pas.

A une trentaine de kilomètres au sud de Port Soudan, une fois passées les tentes des éleveurs de chameaux, se trouve l'île de Suakin.

Point de passage immémorial des pélerins africains se rendant à La Mecque, Suakin était aussi un port de commerce florissant du temps de l'empire ottoman, et ses maisons étaient faites de corail.

Il est toujours possible de prendre un ferry pour le port saoudien de Jeddah depuis la baie, mais l'île elle-même est laissée à l'abandon depuis que les Britanniques ont construit Port Soudan au début du XXe siècle. Une entreprise turque a commencé un programme de restauration. En attendant les visiteurs. . .

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