Égypte : Le bâtiment revit à Gaza grâce aux tunnels vers l'Egypte
le 26/12/2011 11:00:00
Égypte

26122011
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GAZA (Reuters) - Après quatre années de chômage, Naël Zeïara, ouvrier du bâtiment, a enfin retrouvé un emploi stable à Gaza. Ce travail, il le doit aux centaines de tunnels de contrebande entre la bande de Gaza et l'Egypte, ainsi qu'aux milliers de tonnes de matériaux de construction qu'ils acheminent.




"Je mène une vie difficile, avec ma femme et mes quatre enfants dans une maison de location", explique-t-il à Reuters. A 30 ans, Naël Zeïara gagne environ 19 dollars par jour (14,50 euros).

"Il y a six ou sept mois, j'ai retrouvé mon emploi quand les matériaux ont recommencé à affluer", ajoute-t-il.

L'économie du territoire palestinien, en plein marasme depuis presque une décennie, a depuis peu retrouvé quelque vigueur grâce au secteur immobilier, alimenté par les tunnels frontaliers, indique un récent rapport de l'Onu.

Israël, qui impose un blocus maritime, ne laisse entrer dans Gaza qu'une quantité limitée de matériaux de construction, à destination exclusive des organisations internationales d'aide humanitaire qui construisent des logements et des écoles.

Depuis peu, l'Etat juif permet l'importation de volumes limités de matériaux afin de reconstruire certaines des usines détruites lors de l'offensive menée par l'armée israélienne en 2008-2009.

Le rapport de l'Onu indique que la situation économique de la bande de Gaza s'est légèrement améliorée au cours des six premiers mois de l'année 2011.

"Plus de 47.000 emplois ont été créés au premier semestre 2011, soit une hausse de 24,7%, pour atteindre un total de 237.475. Le taux de chômage global a reculé à 32,9%, contre 45,2% au second semestre 2010", peut-on lire dans ce document.

"De l'épingle à la roquette", les Gazaouis estiment que les tunnels ont permis de répondre à tous leurs besoins. Malgré les dizaines de tués dans les bombardements de l'aviation israélienne et les affaissements de terrain, les tunnels restent florissants.

USINES ROUVERTES, ROUTES GOUDRONNÉES

Le volume de biens qu'ils acheminent dépasse de très loin celui des importations officielles et autorisées par Israël.

"Malgré l'allègement des restrictions du blocus imposé par Israël, les contrôles stricts aux points de passage entre Israël et Gaza sont un facteur notable de la croissance de l'économie des tunnels", souligne Chris Gunness, porte-parole de l'Agence d'aide au Palestiniens de l'Onu (UNRWA).

Selon les données et estimations de l'Onu pour le mois de septembre, 46.500 tonnes d'agrégats sont entrées dans la bande de Gaza via le poste de contrôle de Kerem Shalom, tandis que dans le même temps 90.000 tonnes passaient par les tunnels.

Kerem Shalom a aussi vu transiter 9.195 tonnes de ciment et 1.418 tonnes de tiges d'acier. Sur le même mois, les tunnels ont vu transiter respectivement 90.000 et 15.000 tonnes de ces matériaux.

Selon le Hamas, qui administre le territoire, plusieurs usines fermées depuis le durcissement du blocus israélien en 2007 -dans la foulée de la prise de pouvoir du Hamas aux dépens du Fatah du président Mahmoud Abbas- ont rouvert, et embauchent désormais des ouvriers.

Dans toutes les rues du territoire, l'activité semble en effet avoir soudainement repris. De nouvelles routes ont été goudronnées, d'autres sont en construction, et de petits centres commerciaux ont ouvert grâce à des financements privés et venant du Hamas.

Ces progrès n'affectent pas que l'économie, mais aussi la société, du fait des possibilités qu'offrent les nouveaux logements construits.

"J'ai bâti des maisons pour des couples dont le mariage avait été retardé car ils ne pouvaient pas construire de maison ou faire agrandir celle de leur famille", explique ainsi Sabra, 42 ans.

L'UNRWA reconnaît que l'activité économique de Gaza s'est fortement accrue du fait des tunnels clandestins, mais rappelle que la situation de près d'un demi-million de réfugiés dans le territoire reste préoccupante.

La bande de Gaza compte environ 1,7 million d'habitants.

Gregory Schwartz pour le service français, édité par Henri-Pierre André

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