31122011 Jeune afrique Le port d'armes sera interdit au Sénégal début janvier pour quatre mois, sur une période couvrant la campagne électorale et le scrutin présidentiel de 2012, a annoncé vendredi le gouvernement, après des violences politiques ayant un fait un mort par balle le 22 décembre à Dakar.
"Est interdit sur l'ensemble du territoire national, durant la période allant du 04 janvier 2012 au 30 avril 2012, le port d'armes et de munitions de toutes catégories et de matières explosives", stipule un arrêté signé vendredi par le ministre de l'Intérieur Ousmane Ngom, dont l'AFP a reçu copie.
"Durant cette période, aucune arme, quelle que soit sa catégorie ou sa nature, ne pourra être transportée hors des domiciles ou des lieux de travail. Cette interdiction est applicable aux nationaux ainsi qu'aux étrangers ayant leur résidence habituelle au Sénégal et titulaires du permis de port ou de détention d'armes", ajoute ce texte, évoquant "les nécessités de l'ordre public".
Un responsable au ministère de l'Intérieur joint par l'AFP a précisé que la mesure s'appliquera aux civils, les membres des forces de défense et de sécurité en activité n'étant pas concernés car les armes sont considérées comme leur outil de travail.
Le premier tour de la présidentielle sénégalaise est prévu le 26 février 2012. La campagne électorale doit durer trois semaines et se clôturer à l'avant-veille du scrutin. Une vingtaine de candidatures ont déjà été déclarées, dont celle du chef de l'Etat Abdoulaye Wade.
Cette suspension du port d'armes intervient après des violences politiques, le 22 décembre à Dakar, entre des opposants et partisans présumés du pouvoir, qui ont fait un mort par balle et trois blessés.
Dans le cadre de l'enquête sur ces violences, un responsable de l'opposition et maire d'une commune d'arrondissement de Dakar, Barthélemy Dias, a été inculpé et incarcéré le 28 décembre pour "homicide volontaire, coups et blessures volontaires et détention d'arme à feu sans autorisation administrative", selon un de ses avocats.
M. Dias, membre du Parti socialiste (PS), avait auparavant été en garde à vue quatre jours. Le 22 décembre, il avait expliqué avoir agi en état de "légitime défense", en tirant des coups de feu pour se protéger de partisans du pouvoir qui voulaient attaquer sa mairie.
Lors d'une conférence de presse jeudi, le chef du PS, Ousmane Tanor Dieng, a accusé des membres du parti au pouvoir - dont certains agissant depuis la présidence, d'avoir commandité ces violences. M. Dieng n'a cependant pas cité de nom et n'a pas présenté de preuve de ses allégations.
Les évènements du 22 décembre se sont produits dans un contexte politique tendu, marqué par une polémique sur la candidature déclarée du président Wade, 85 ans, qui a été investi le 23 décembre comme porte-drapeau de son parti pour 2012.
La liste des candidats autorisés à se présenter au scrutin doit être publiée fin janvier.
Elu pour la première fois en 2000 pour sept ans, M. Wade a été réélu en 2007 pour cinq ans après une réforme constitutionnelle en 2001 ayant institué un quinquennat renouvelable une fois. En 2008, une autre modification de la Constitution a réinstauré le septennat renouvelable une fois.
L'opposition estime qu'Abdoulaye Wade a déjà épuisé ses deux mandats légaux, les partisans de M. Wade considèrent en revanche que le décompte des deux mandats légaux doit se faire à partir de 2007, sur la base de la Constitution de 2001.
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