122012 Yahoo.fr TUNIS (AP) — Le nouvel an en Tunisie a été marqué par un incident inédit à la frontière avec la Libye, où une patrouille de quatre gardes-frontières tunisiens a été kidnappée pendant plusieurs heures par un groupe libyen armé à bord de quatre voitures tout-terrain.
L'incident, qui intervient deux jours avant la visite du président tunisien Moncef Marzouki en Libye, s'est produit dans la localité d'El Aguel relevant de la délégation (sous-préfecture) tunisienne de Ben Guerdane, proche de la frontière libyenne, rapporte l'agence officielle TAP.
C'est le premier acte du genre dans cette zone frontalière où plusieurs incidents armés "isolés" ont eu lieu ces derniers mois, à l'instigation d'éléments libyens incontrôlés.
Selon le porte-parole du ministère tunisien de l'Intérieur Hicham Meddeb cité par la TAP, trois membres de la patrouille ont pu s'échapper, le quatrième restant aux mains de ravisseurs dont le nombre et le mobile n'ont pas été précisés.
Cet otage, Walid Othmani, aurait été libéré dimanche matin, rapporte la radio Mosaïque FM, à la suite de contacts entrepris aussitôt par le ministre tunisien de l'Intérieur Ali Larayedh avec les autorités libyennes.
Blessé par balle à la jambe, il devait être transféré à l'hôpital orthopédique Kassab de Tunis après avoir reçu les premiers soins à Tripoli.
D'après Mosaïque FM, les ravisseurs seraient des contrebandiers opérant dans la zone frontalière.
Le porte-parole a cependant implicitement accusé "certaines parties", sans plus de précisions, de "tenter de troubler la sérénité des relations" entre les deux pays voisins, à la veille du voyage du président tunisien à Tripoli, pour son premier déplacement à l'étranger depuis sa récente élection.
La Libye est, après la France, le deuxième partenaire économique de la Tunisie avec un volume d'échanges de plus de deux milliards de dollars en 2010.
Le week-end avait par ailleurs été marqué par une manifestation devant le siège de l'Assemblée constituante, près de Tunis, hostile à la normalisation avec Israël.
Répondant à l'appel d'un collectif de 13 ONG tunisiennes, les participants ont observé vendredi un sit-in sous le slogan "je suis tolérant, je suis contre le sionisme".
"Nous appelons les constituants à promulguer une loi qui criminalise la normalisation avec l'entité sioniste dans ses différentes formes politique, économique et culturelle", a déclaré à la TAP le président de la Ligue tunisienne pour la tolérance, Slah Masri, un des principaux organisateurs de la manifestation.
Les ONG ont appelé à la proclamation du 30 décembre comme "journée nationale pour la criminalisation de la normalisation".
Elue en octobre dans la foulée du soulèvement populaire qui a fait chuter le régime totalitaire de l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali, l'Assemblée constituante, dominée par le mouvement islamiste "Ennahdha" et deux partis de gauche, le Congrès pour la République (CPR) et "Ettakatol", a pour principale tâche l'élaboration d'une nouvelle constitution.
Avant les élections, de nombreuses voix avaient préconisé l'inscription dans la nouvelle loi fondamentale d'une disposition qui interdirait la normalisation avec Israël. AP
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