312012 Libération.fr Le politologue Moustapha Kamel al-Sayed enseigne à l’université du Caire. «Proche des idées révolutionnaires», il explique où en est l’Egypte après la victoire des islamistes.
Quel est le paysage politique du pays aujourd’hui après la forte percée des partis religieux aux législatives ?
Trois forces principales s’opposent : le Conseil suprême des forces armées (CSFA), les islamistes et les forces révolutionnaires, qui sont un petit noyau. Ces trois pôles sont divisés sur la période de transition. Pour les islamistes d’Al-Nour et du PLJ (Parti liberté et justice), rien ne presse, il faut laisser du temps au temps. Ils disent respecter le calendrier du 30 juin, qui coïnciderait avec la passation de pouvoir du CSFA, en avançant qu’ils ont une base solide et que le peuple est derrière eux. Pour les révolutionnaires, il faut hâter la marche, ils souhaitent confier l’intérim au président de l’Assemblée pour éliminer l’armée de la gestion du pays en attendant l’élection présidentielle, dont la date n’est toujours pas arrêtée officiellement, même si on parle de fin juin.
Existe-t-il toujours de fortes frictions entre ces trois pĂ´les ?
Le gros point dur entre ces trois forces, c’est l’élaboration de la nouvelle Constitution. Dans un calendrier resserré, il faudra en six mois élaborer une Constitution, repasser aux urnes pour le référendum, élire le Président et une assemblée dans la foulée. C’est un calendrier trop ambitieux, et je doute qu’il puisse être respecté. Je suis inquiet sur l’élaboration de la nouvelle Constitution.
Les Frères musulmans sont-ils disposés à faire des compromis ?
C’est du moins ce qu’ils assurent. Il faut savoir que l’Egypte a ratifié les textes concernant l’égalité entre les sexes. Mais je ne suis pas sûr que les salafistes le sachent. C’est un sujet qui va vite surgir. Je doute beaucoup qu’ils l’acceptent, et on peut s’attendre à de gros remous sur la place des femmes et de la charia, que les salafistes entendent faire respecter à la (...) Lire la suite sur Liberation.fr
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