Maroc : et le gouvernement fut, dans la continuité
le 04/01/2012 10:20:58
Maroc

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Jeune afrique
Le Premier ministre Abdelilah Benkirane a réussi à former son gouvernement, qui a été nommé le 2 janvier par le roi du Maroc Mohammed VI. Le PJD, l'Istiqlal, le MP et le PPS y occupent des postes clés, mais le dispositif reste verrouillé par des techniciens et plusieurs ministres non partisans sont reconduits. Analyse.





Le roi Mohammed VI a présidé le 3 janvier au palais royal de Rabat la cérémonie de nomination du nouveau gouvernement marocain, mettant fin à un feuilleton haletant fait de négociations, de rumeurs et de coups de théâtre depuis la nomination comme chef du gouvernement, le 29 novembre à Midelt, de l’islamiste Abdelilah Benkirane.

Le secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), arrivé en tête lors des élections législatives anticipées du 25 novembre 2011 (107 sièges sur les 395 que compte la Chambre des représentants), s’est d’abord assuré du soutien des partis de l’Istiqlal (60 sièges), du Mouvement populaire (MP, 32 sièges) et du Parti du progrès et du socialisme (PPS, 18 sièges).

Adoptant une méthodologie nouvelle - signature d’un pacte de la majorité et adoption d’une structure du gouvernement -, avant d’entamer les négociations portefeuille par portefeuille, Benkirane a composé un gouvernement de coalition, dont une première mouture a été remise au roi le 24 décembre. Il a fallu ensuite répondre aux réserves et quelques vétos émis par l’équipe de conseillers du souverain avant d’adopter la liste finale constituée de 30 ministres en plus du chef du gouvernement.

Part du lion

Sans surprise, le PJD se taille la part du lion et occupe 12 ministères, dont les Affaires étrangères et la Coopération, la Justice et les Libertés, l'Équipement et le Transport, l’Enseignement supérieur et la Recherche, la Communication, et compte l’unique femme du gouvernement : Bassima Hakkaoui, ministre de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social.

Les partenaires de l’Istiqlal ne sont pas en reste puisque leur échoient notamment les ministères de l'Économie et des Finances, de l'Éducation nationale, de l'Énergie et des Mines, de l’Eau et de l’Environnement. Troisième composante de la coalition le Mouvement populaire décroche l’Intérieur, le Tourisme, la Jeunesse et les Sports. Plus petit parti de la majorité, le PPS chapeautera quant à lui des ministères importants : Habitat, Urbanisme et Politique de la ville, Santé, Emploi et Formation professionnelle, Culture.

Des ministres non partisans ont été maintenus au gouvernement dans leurs fonctions passées : le ministre des Habous et des Affaires islamiques Ahmed Toufiq, dont le remplacement n’était pas à l’ordre du jour selon Abdelilah Benkirane. De même que le ministre délégué à la Défense nationale Mohamed Loudiyi et le Secrétaire général du gouvernement Driss Dahak, des ministres de souveraineté inamovibles.

Des verrous partout

Plus surprenante, la reconduction d’Aziz Akhannouch, ministre sortant de l’Agriculture et démissionnaire depuis peu du Rassemblement national, s’explique quand on sait que le chef du gouvernement a tout fait pour le « débaucher » dès l’entame des tractations pour former le gouvernement. Ministre apprécié, réputé proche du palais royal, il offre à Abdelilah Benkirane l’occasion de faire coup double : le choix d’un connaisseur du monde rural, talon d’Achille du PJD, parti urbain, et un ultime pied-de-nez au RNI et à Salaheddine Mezouar, grand perdant des législatives, privé d’un de ses bailleurs de fonds.

Autre « bizarrerie » de ce gouvernement, le retour à la pratique du binôme ministre/ministre délégué. Jugés sensibles mais dévolus à des politiques, l’Intérieur et les Affaires étrangères sont doublés de techniciens. Le nouveau ministre de l’Intérieur Mohand Laenser (MP) est flanqué d’un ministre délégué en la personne de Charki Draïss, jusque-là directeur général de la Sûreté nationale (la police marocaine, NDLR).

De même, son confrère nommé aux Affaires étrangères, Saad-Eddine El Othmani (PJD), sera marqué de près par Youssef Amrani, ancien secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, rappelé du secrétariat général de l’Union pour la Méditerranée (UPM). Si l’on y ajoute la nomination, à la veille de la formation du gouvernement, du ministre sortant des Affaires étrangères Taieb Fassi-Fihri au poste de conseiller royal, la continuité est plus qu’assurée.

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