1012012 Jeune afrique Candidat à la présidentielle sénégalaise de 2012, la star internationale Youssou Ndour a déclaré dans une interview craindre des violences si la candidature du président sortant Abdoulaye Wade - qu'il rejette - était validée par la Cour constitutionnelle.
Alors que le chef de l’État sénégalais se voit « sans rival » pour la présidentielle de 2012, le chanteur Youssou Ndour, également candidat à la plus haute fonction de l’État, refuse de considérer Abdoulaye Wade comme un concurrent potentiel. « Je ne considère même pas Wade comme candidat, parce que si on reste dans le cadre de la Constitution, il n'a pas le droit », a-t-il affirmé dimanche 8 janvier, affirmant qu’Abdoulaye Wade n’est pas un « roi ».
La star internationale en appelle donc aux dirigeants occidentaux, afin qu’ils se prononcent contre une nouvelle candidature de Wade. « Dites lui clairement, Obama, Sarko, Cameron, Merkel, etc, dites lui que la loi fondamentale, ce qui régit les Sénégalais, ne lui permet pas de se présenter. Qu'il ne force pas, parce qu'il vaut mieux prévenir que guérir », clam-t-il à l’adresse des chefs d’États et de gouvernements américain, français, britannique et allemand.
Abdoulaye Wade, depuis 12 ans au pouvoir, s’apprête à briguer un troisième mandat, même si l’opposition et la société civile s’insurge contre cette possibilité, affirmant sa candidature non valable. Tout comme la vingtaine de candidats déclarés, le président a jusqu'au 26 janvier pour déposer sa candidature devant le Conseil constitutionnel, qui devra décider de la recevabilité de ces candidatures quelques jours plus tard.
"Moi je suis non violent"
Youssou Ndour a déclaré craindre des violences en cas de nouvelle candidature du président. « Moi je suis non violent, mais on ne maîtrise pas les Sénégalais ». « À partir du moment où il n'y a pas de justice, la paix n'est pas possible. Justice rime avec paix, paix avec justice », a-t-il marterlé, ajoutant qu’ « on n’a pas besoin de ça au Sénégal, c'est un pays de paix ». Des craintes de débordements qui semblent être partagées par l’ambassadeur français au Sénégal, Nicolas Normand.
Dimanche, le diplomate a affirmé qu'un « très grand nombre » d'observateurs de l'Union européenne devait arriver au Sénégal fin janvier, un mois avant le premier tour de la présidentielle fixé au 26 février. Une mission de cette importance « n'arrive pas quand il n'y a pas de risques », mais « quand la situation est tendue, présente des risques de violences », a-t-il expliqué, appelant à « faire très attention à ne pas s'écarter des règles démocratiques qui ont fait le modèle du Sénégal ».
Nicolas Normand a également rappelé que « la France n’a pas de candidat », et n’avait pas à se prononcer sur la validité des candidatures. « C’est aux Sénégalais de décider », a-t-il déclaré. Pour Youssou Ndour, la population a déjà fait son choix, et refuse de voir le président conserver ses fonctions. « Même moralement, comment va-t-il regarder les gens? Il va les regarder en disant : « j'ai bafoué la Constitution » ? fustige le chanteur et patron de presse.
"Accueilli Ă bras ouverts"
Wade « n'est plus majoritaire dans ce pays, il n'est plus populaire, il utilise aujourd'hui l'appareil de l'État qu'on lui a délégué pour essayer de dire qu'il est populaire », a-t-il poursuivi. Pour Youssou Ndour, il est donc temps de proposer « une nouvelle démarche, une nouvelle vision ».
« Je pense que je vais créer la surprise, je pense qu'il y a une évolution silencieuse, les gens vont voter Youssou Ndour », a-t-il déclaré, se disant certain de l'emporter dès le premier tour du 26 février.
« Je vois le désespoir des populations, je fais partie de ces populations. Je vois la situation se détériorer », a affirmé le chanteur. Ses priorités ? La santé, l’éducation et l’agriculture, qui serviront à aider « le Sénégal d'en bas ». Et pour dégager des fonds, le chanteur entend commencer par la réduction du « train de vie exubérant de l'État ».
Issu d'un milieu modeste du quartier populaire de la Médina à Dakar, Youssou Ndour, 52 ans, n'a pas fait d'études supérieures. Reconnu sur la scène internationale, le chanteur s’est dit prêt à abandonner toutes activités artistiques, mais aussi ses affaires et son groupe de presse. « Le Sénégal est beaucoup plus important que tout ça », a-t-il affirmé.
« Moi, (quand) je deviens président du Sénégal, je sais que je suis accueilli à bras ouverts un peu partout dans le monde, et là je pourrais changer la donne, faire partie d'une dynamique économique, parce que j'ai envie d'atteindre l'autosuffisance alimentaire », a-t-il conclu.
(Avec AFP)
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