2312012 Jeune afrique Le numéro deux du Conseil national de transition libyen (CNT) Abdelhafidh Ghoga a été contraint à la démission dimanche en pleine crise politique, la première depuis que les nouvelles autorités ont pris les rênes du pouvoir. Par ailleurs, l'adoption de la loi électorale concernant l'assemblée constituante libyenne a été reportée à la semaine prochaine.
M. Ghoga a annoncé dimanche qu'il démissionnait "dans l'intérêt de la nation" libyenne, après la multiplication des appels à son départ et son agression jeudi.
"Après la fin de la guerre de libération, une atmosphère de haine qui ne sert pas l'intérêt national a commencé à dominer", a-t-il expliqué à l'AFP.
"Pour prouver que nous sommes avec l'intérêt (de la Libye) et que nous ne sommes qu'un mouvement de lutte, nous avons décidé de laisser la place à d'autres patriotes. Nous n'avons aucun problème avec ça, car l'important est de préserver le Conseil National de transition", a-t-il ajouté.
"Nous ne voulons pas que notre pays glisse vers le chaos (...) car cette étape est critique, pas moins critique que celle qui l'a précédée", a-t-il encore dit.
Samedi, des grenades artisanales avaient été jetées sur le siège du CNT à Benghazi avant que des centaines de manifestants ne l'envahissent et ne mettent le feu à sa façade.
Report de la loi électorale
Le CNT, qui devait tenir une conférence de presse dimanche pour annoncer l'adoption de la loi électorale, a été contraint de se réunir dans un lieu tenu secret pour des raisons de sécurité après les incidents de la veille, a déclaré à l'AFP Salwa al-Digheili, chargée des affaires juridiques au CNT.
"La loi électorale devait être annoncée aujourd'hui (dimanche) mais certains articles doivent être réexaminés. La loi va être adoptée le 28 janvier", a affirmé à l'AFP Abderrazak al-Aradi, en ajoutant qu'une commission électorale de 17 membres avait en revanche été formée.
Ce report doit être consacré à prendre l'avis d'organisations de la société civile et d'experts, certains articles du projet de loi publié sur internet ayant été contestés, comme celui réservant 10% des sièges de l'assemblée aux femmes, a ajouté M. al-Aradi.
"Le CNT se dirige vers son abandon, comme l'ont demandé beaucoup de gens. La majorité des réactions sont négatives. Le principe de la discrimination positive n'a pas été compris", a-t-il expliqué.
L'article concernant le mode de scrutin et celui qui interdit aux personnes ayant occupé un poste de responsabilité sous Mouammar Kaddafi de se présenter doivent eux aussi faire l'objet de nouvelles discussions, a-t-il ajouté.
La Commission électorale qui supervisera les futures élections est composée de 17 membres, dont des juges, des avocats, des militants des droits de l'Homme, des représentants de jeunes et de femmes, a-t-il précisé.
Par ailleurs, au moins 4.OOO étudiants libyens ont manifesté dimanche à Benghazi pour protester contre l'arrestation de 11 de leurs camarades après l'agression du vice-président CNT dans leur université, a rapporté un correspondant de l'AFP.
Abdelhafidh Ghoga avait été pris à parti et agressé jeudi à l'Université de Ghar Younès, à Benghazi, où il devait assister à une cérémonie en l'honneur des martyrs de la révolution qui a renversé Mouammar Kaddafi.
"Nous ne voulons pas de Ghoga! Le sang des martyrs n'aura pas été versé en vain!", scandaient les étudiants.
M. Ghoga est régulièrement accusé par des manifestants d'être un "opportuniste" et d'avoir fait partie du régime de Mouammar Kaddafi.
Le CNT avait vivement condamné l'agression de son vice-président en la mettant sur le compte d'un "plan odieux" visant à déstabiliser les autorités.
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