20120126 Xinhua DAKAR, 25 janvier (Xinhua) -- Une vive tension est perceptible entre le pouvoir et l'opposition au Sénégal à quelques jours de la validation des candidatures à la présidentielle du 26 février prochain par le Conseil constitutionnel, constatent les observateurs.
Cette tension résulte de la contestation par l'opposition et des organisations de la société civile de la candidature du président sortant Abdoulaye Wade, qui la considère comme illégale parce que la constitution limite à deux le nombre de mandats du président de la république.
Le président Wade et ses partisans ne contestent pas cette limitation, mais ils estiment que leur candidat, élu en 2000 et en 2007, n'a fait qu'un seul mandat sous le régime de nouvelle constitution adoptée en 2001.
Cette controverse qui doit être vidée par le conseil constitutionnel, fait craindre des débordements violents à cause des prises position musclées des protagonistes.
Les partisans du pouvoir se disent prêts à faire face aux perturbateurs et les opposants appellent à barrer la route à la candidature de Wade.
Ces discours ne rassurent pas certains Sénégalais rencontrés. Moustapha Sène, un jeune pompiste, pour qui la détermination des deux camps opposés, n'augure rien de bon.
« A entendre le camp du parti au pouvoir et de l'opposition, nous allons forcément vers une confrontation et cela n'est pas bon pour le pays », explique Sène.
Comme lui, Souleymane Diallo, boutiquier, s'inquiète. « Il y a de réels risques d'embrassement que le Conseil invalide ou pas la candidature du président Wade. Car dans leur discours aucune des deux parties n'acceptera la décision du conseil».
Dans la journée du 23 janvier, pouvoir et opposition ont chacun bandé les muscles au cours de manifestations à Dakar et dans sa banlieue.
A Dakar, le président Abdoulaye Wade, 85 ans, a lancé un avertissement. « La République s'est dotée des moyens de se défendre. Ce sont des moyens légaux et nous les utiliserons sans état d'âme ». Car pour le candidat Wade, il ne sera pas question « d'accepter, alors qu'un peuple de 12 millions et demi veut voter dans la paix, que des groupuscules qui ne représentent rien veuillent troubler la situation», a-t-il déclaré.
Ces déclarations seront suivies vingt quatre plus tard d'un arrêté ministériel interdisant toutes manifestions du jeudi 26 au lundi 30 janvier 2012, période pendant laquelle le Conseil constitutionnel statue sur les dossiers des candidats à l'élection présidentielle. Objectif : « éviter toute pression, dans un sens ou dans un autre, sur cette haute institution (le Conseil et lui permettre d'accomplir sa mission dans le calme et la sérénité », précise l'arrêté.
Mais, cette mesure n'entame pas la détermination des opposants qui répète leur d'ordre lors de leur manifestation du 23 janvier : « Pas d'élection si la candidature de Wade est validée ».
Pour Alioune Tine, coordonateur du Mouvement du 23 juin (M23, regroupant partis politiques et organisations de la société civile, « l'Etat ne peut interdire des manifestations politiques pendant la période de publication de la liste des candidats par le Conseil constitutionnel ». « Aucune raison ne justifie cette interdiction ».
MalalTalla du mouvement des rappeurs « Y' en a marre », membre du M23, affirme: « nous n'avons plus de commentaire à faire, nous passons à l'acte pour défendre la constitution qui interdit à Wade un troisième mandat ».
Pour sa part, le porte-parole de la Ligue démocratique, Moussa Sarr, estime que « cette interdiction de manifester est la preuve que le candidat Wade veut imposer au Conseil constitutionnel sa candidature ».
La tension reste donc vive entre les deux camps et l' inquiétude gagne les populations.
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