Cameroun : Ă  Mobilong, les diamants font long feu...
le 29/01/2012 09:38:56
Cameroun

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Jeune afrique
La mine de Mobilong au Cameroun était censée amener 4000 emplois directs dans le pays et des centaines de millions de dollars d'investissement. En fait, les réserves en pierres préciseuses avaient été surestimées pour faire monter les cours d'une société sud-coréenne.






Les Sud-Coréens en avaient fait des tonnes. Quatre-vingt-quatre pour être exact. C'est, selon Séoul, la quantité de diamants (420 millions de carats, plus de trois fois la production annuelle mondiale en 2009) qui était enfouie dans le sous-sol de Mobilong (est du Cameroun). En annonçant fin 2010 qu'une de ses firmes, Cameroon & Korea Mining (C&K), avait décroché le contrat d'exploitation de ce gisement, le gouvernement coréen s'était félicité de ce « succès » de sa « diplomatie des ressources naturelles ». Il y avait aussi de quoi faire tourner les têtes au Cameroun : 4 000 emplois directs et 500 milliards de F CFA (762 millions d'euros) d'investissement étaient alors évoqués.

Le retour à la réalité n'en est que plus brutal. Les réserves seraient en réalité de 18 millions de carats, soit 23 fois moins. C'est ce qu'a dévoilé, en septembre 2011, un député coréen d'opposition sur la foi d'un document du ministère des Affaires étrangères. Or celui-ci daterait de mai 2009, lorsque C&K n'était chargé que de l'exploration, bien avant l'annonce qui avait fait exploser son cours en Bourse (multiplié par cinq en dix-sept jours).

Certains Sud-Coréens auraient donc sciemment surévalué le potentiel de la mine pour provoquer cette flambée. Kim Eun-seok, chargé des Ressources naturelles au ministère sud-coréen des Affaires étrangères, a été suspendu le 17 janvier. Selon la presse, son frère et sa belle-soeur avaient acheté pour 68 000 euros d'actions de C&K à la veille de l'annonce du contrat. Reste à savoir si ces révélations auront un impact sur la mine de Mobilong, qui doit ouvrir cette année. L'État camerounais, lui, en est déjà victime : la compagnie sud-coréenne, qu'il détient à 35 %, a perdu en un an plus des deux tiers de sa valeur.

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