06022012 Jeune afrique Le premier procès de partisans de Mouammar Kadhafi s'est ouvert dimanche devant un tribunal militaire à Benghazi (est), avec 41 personnes accusées d'avoir comploté contre la révolution libyenne, avant d'être reporté au 15 février à la demande de la défense.
"Nous ouvrons le premier procès en relation avec la révolution du 17 février", a déclaré le juge Ali Hamdi à l'ouverture d'une audience publique entourée de strictes mesures de sécurité.
La défense composée d'une quinzaine d'avocats a contesté la tenue du procès devant un tribunal militaire, la grande majorité des accusés étant des civils.
Les partisans de Kadhafi sont accusés notamment de "soutenir l'ancien régime contre la révolution libyenne" déclenchée le 17 février, de former "une bande dans le but de commettre des actes criminels" et d'aider des détenus à s'évader de leur prison.
Après délibération, la Cour a décidé de reporter le procès au 15 février, à la demande de la défense.
Les accusés ont été arrêtés fin juillet à Benghazi après un raid meurtrier mené par les ex-rebelles libyens contre un groupe de partisans de l'ancien régime, qui avait fait 15 morts, dont quatre ex-rebelles.
Des responsables de la sécurité du conseil national de transition (CNT) avaient alors indiqué que plusieurs prisonniers de guerre évadés se trouvaient dans ce groupe armé qui s'était installé dans une fabrique de plaques d'immatriculation.
Le hangar de la fabrique abritait sept pick-up armés de mitrailleuses, ainsi qu'une grande quantité d'explosifs que le groupe comptait utiliser dans des attentats à la voiture piégée à Benghazi, selon les mêmes sources.
Pratique "généralisée" de la torture
Ce procès se tient au moment ou des milices formées d'anciens rebelles qui avaient combattu le régime Kadhafi font l'objet de critiques grandissantes de la part d'organisation de défense des droits de l'Homme, qui les accusent de torturer des prisonniers, pour la plupart des fidèles à l'ancien pouvoir.
La semaine dernière, Amnesty International et Médecins sans frontières (MSF) ont dénoncé une pratique "généralisée" de la torture, parfois à mort, sur des détenus partisans présumés de l'ancien régime. Les autorités ont assuré jeudi qu'elles enquêteraient sur ces affaires.
Les Nations unies ont aussi pointé du doigt les "brigades révolutionnaires" accusées de détenir des milliers de personnes dans des prisons secrètes. Selon les ONG, la Libye compte environ 8.500 détenus dans une soixantaine de prisons gérées en majorité par les milices.
En septembre, HRW avait appelé les autorités libyenne à mettre fin aux arrestations arbitraires et aux mauvais traitements infligés aux prisonniers en Libye et à mettre sur pied un système judiciaire capable de traiter la situation de tous les prisonniers, "un objectif auquel la priorité n'a pas été suffisamment donnée", selon l'organisation.
En novembre, le CNT avait annoncé l'adoption d'une loi sur la justice transitionnelle, sans en révéler le contenu.
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