08022012 Jeune afrique L'opposition sénégalaise a maintenu mardi sa pression pour obtenir le retrait de la candidature du chef de l'Etat Abdoulaye Wade à la présidentielle de la fin du mois avec une marche dans le centre de Dakar, à laquelle devait répondre le camp du pouvoir.
Le chef de l'Etat a prévu de participer plus tard dans la journée à ce qu'un des responsables de l'organisation de sa campagne électorale a appelé "une action de proximité" à partir du Palais présidentiel en centre-ville, pouvant prendre également la forme d'une marche.
Partis de l'université publique, quelques milliers d'opposants ont marché dans le calme pendant environ un peu moins de trois heures dans les rues de Dakar, sans pouvoir entrer dans le centre de la ville.
Ils se sont dispersés sans incidents après un face-à -face tendu avec un cordon de policiers qui les a empêchés de se rendre comme ils l'avaient prévu au ministère de l'Intérieur au coeur de la ville, près du Palais présidentiel.
Huit candidats d'opposition à la présidentielle, ainsi que le célèbre chanteur Youssou Ndour dont la candidature a été rejetée par le Conseil constitutionnel, ont décidé de mener en commun la campagne électorale qui s'est ouverte dimanche à l'approche du scrutin présidentiel du 26 février.
La marche de mardi est la troisième manifestation du M23 dans Dakar et sa banlieue depuis l'ouverture de la campagne, soit une chaque jour.
La plupart des candidats, dont les ex-Premiers ministres de M. Wade devenus opposants, Moustapha Niasse et Idrissa Seck, ainsi que le secrétaire général du Parti socialiste (PS) Ousmane Tanor Dieng ont participé à la marche entourés de leurs militants revêtus des couleurs de leurs partis et de leur matériel de sonorisation. Youssou Ndour était également là .
Election parallèle
De nombreux policiers surveillaient le cortège, long de plusieurs centaines de mètres.
Lors d'un meeting du M23 lundi à Rufisque (28 km à l'est de Dakar), un des huit candidats d'opposition, Cheikh Tidiane Gadio, ex-ministre des Affaires étrangères de M. Wade, a pour la première fois évoqué la création d'un "Conseil national de transition" au cas où le chef de l'Etat persisterait à se présenter.
"Si Abdoulaye Wade persiste, nous n'allons pas le reconnaître, ni reconnaître son gouvernement, et nous allons organiser une campagne pour la reconnaissance d'un Conseil national de transition que nous allons, nous autres, créer", a-t-il dit. Il a également évoqué la possibilité de tenir une élection "parallèle" à celle du 26 février, regroupant tous les candidats d'opposition.
Selon lui, "la seule façon de servir le Sénégal dans l'honneur et la dignité, c'est de s'opposer à la candidature inconstitutionnelle d'Abdoulaye Wade jusqu'au bout".
Elu en 2000 puis réélu en 2007, Abdoulaye Wade, 85 ans, brigue un troisième mandat de sept ans face à 13 candidats.
Pour l'opposition, il a épuisé ses deux mandats légaux et sa nouvelle candidature est un "coup d'Etat constitutionnel". Dans le camp de M. Wade, on affirme que les réformes de la Constitution en 2001 et 2008 lui permettent de concourir.
La validation le 27 janvier de sa candidature par le Conseil constitutionnel, confirmée deux jours plus tard, a provoqué des violences qui ont fait quatre morts et plusieurs blessés à Dakar et en province en cinq jours.
Si, sur le plan politique, le scrutin risque d'être tendu, il ne connaîtra aucun "couac" sur le plan logistique, le matériel nécessaire pour le vote étant déjà réceptionné et en grande partie distribué, a affirmé le ministre chargé des élections, Cheikh Guèye.
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