Tunisie : Retour au calme sur fond d'angoisse de la population
le 16/01/2011 09:16:56

Avec plusieurs tanks et camions, l'armée contrôle les abords du ministère de l'Intérieur. Autour de l'avenue Bourguiba, et de l'ambassade de France notamment, ce sont des hommes en civils, habillés de nouveaux gilets blancs avec l'inscription « police », et équipés de batons, qui sont déployés. Comme s'il y avait une volonté de bien identifier chaque force en présence.

Le président Ben Ali qui se trouve désormais avec une partie de sa famille à Djeddah, en Arabie Saoudite, laisse derrière lui un pays en plein chaos, après un mois, ou presque, de manifestations et d'émeutes. Ce samedi 15 janvier 2011, les premières heures de l'après Ben Ali ont été marquées par un calme encore précaire, alors que les nouveaux dirigeants tunisiens tentent de rétablir l'ordre.

C'est comme si le temps s'était arrêté, samedi 15 janvier, au coeur de Tunis... Les débris de bombes lacrymogènes jonchent le sol, il y a aussi des pierres et des verres brisés, traces des manifestations d'hier. La circulation est bloquée et seuls des tirs qui retentissent au loin brisent le silence pesant.

Avec plusieurs tanks et camions, l'armée contrôle les abords du ministère de l'Intérieur. Autour de l'avenue Bourguiba, et de l'ambassade de France notamment, ce sont des hommes en civils, habillés de nouveaux gilets blancs avec l'inscription « police », et équipés de batons, qui sont déployés. Comme s'il y avait une volonté de bien identifier chaque force en présence.

Tunis tourne lentement la page Ben Ali
L'armée serait d'ailleurs lancée dans une chasse aux miliciens qui ont terrorisé plusieurs quartiers hier dans la capitale. Les réseaux sociaux, ici, ont recensé énormément de cas de saccages dans Tunis mais aussi sa banlieue, toujours orchestrés par des partisans de Ben Ali ou des policiers, selon les témoins.

Et puis avec la nuit et le couvre-feu, revient aussi la crainte des pillages et des attaques de bandes armées. Plusieurs quartiers se sont organisés aujourd'hui pour réunir des armes de fortune, et parer à toute attaque de ceux qu'on appelle ici « les forces occultes ».

Dans les hôtels, les portraits du président, hier omniprésents, ont disparu. L'immense portrait situé devant la cathédrale a été décroché également, à l'heure de la prière. Dans la banlieue de Gammarth, les demeures des gendres de Zine el-Abidine Ben Ali ont été saccagées, et livrées aux habitants, qui ont même profité de leur piscine.

Ce samedi soir, des hélicoptères de l'armée tournent dans le ciel et toutes les dix ou quinze minutes, on entend des tirs de kalachnikovs.

Les nouveaux dirigeants tunisiens contraints d'agir rapidement

Il est encore trop tôt pour savoir si Foued Mebazaa, qui se retrouve propulsé président à 78 ans, est en mesure de piloter une transition politique. Dès aujourd'hui, il a tenté de lancer des signes d'apaisement, notamment avec cette promesse qu'il a faite, de créer un gouvernement d'union nationale, promesse faite pendant sa prestation de serment ce samedi après-midi.

Le Premier ministre Mohammed Ghannouchi a en tout cas rencontré les trois partis d'opposition dans la journée. Ils ont discuté de la possibilité de créer un gouvernement d'union nationale, et des moyens de faire participer l'opposition, mais aucune décision n'a encore été prise.

Ce qui est sûr, c'est qu'il faut faire très vite, car pour les Tunisiens, la personne du Premier ministre, tout comme celle du nouveau président par intérim, représentent avant tout des figures du régime Ben Ali et du parti au pouvoir. Un parti qui a régné sans partage pendant vingt-trois ans, et que beaucoup ici veulent voir disparaître, pour laisser enfin la place à l'opposition.

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