12032012 Jeune afrique Les douze candidats malheureux au premier tour de l'élection présidentielle ont désormais rejoint Macky Sall au sein d'une nouvelle coalition, le Rassemblement des forces du changement (RFC)/Benno bok Yaakkar. Le président sortant Abdoulaye Wade compte, lui, sur l'appui des chefs religieux et traditionels.
Ce qu'elle n'avait pas réussi à faire au premier tour de la présidentielle, l'opposition sénégalaise le fait pour le second. Le front autour de Macky Sall (Alliance pour la République, APR), qui a mis en ballotage Abdoulaye Wade et doit à nouveau lui faire face dans les urnes le 25 mars prochain, s'est renforcé dimanche à la faveur d'un grand rassemblement de plusieurs milliers de personnes à Dakar, qui fait suite à la création, la veille, d'une nouvelle coalition le soutenant.
« Nous voulons un Sénégal nouveau, une République nouvelle basée sur des principes et des valeurs positives de notre société. Nous mettrons un terme à la gabegie et la corruption et ferons les ruptures nécessaires pour que le Sénégal redevienne une démocratie moderne », a déclaré Macky Sall. Ajoutant : « J'ai entendu dire que Macky Sall est le candidat des Blancs. Je suis le candidat du peuple sénégalais, je ne suis l'otage d'aucune puissance étrangère, d'aucun groupe de pression ».
Plusieurs milliers d'opposants s'étaient rassemblés pour l'entendre dans la capitale sénégalaise, place de l'Obélisque, à l'initiative du Mouvement du 23 juin (M23). Une manifestation organisée en « hommage au peuple sénégalais et à ses martyrs », après des violences préélectorales qui ont fait de 6 à 15 morts. Étaient également présents tous les candidats battus au premier tour du 26 février, lesquels ont unanimement appelé à soutenir au second tour le challenger de Wade, qui est aussi son ex-Premier ministre.
Le "tout sauf Wade" au programme
De fait, la veille, les douze candidats malchanceux - et le chanteur Youssou Ndour dont la candidature à la présidentielle avait été rejetée par le Conseil constitutionnel - avaient créé autour de Macky Sall le Rassemblement des forces du changement (RFC)/Benno bok Yaakkar (unis pour le même espoir, en langue wolof), une nouvelle coalition qui vise désormais le « tout sauf Wade ».
Le RFC « est désormais le cadre privilégié de toutes nos actions. C'est la synergie de toutes nos forces, de nos énergies et de nos moyens. Ensemble nous irons à la conquête des suffrages, ensemble nous gagnerons et ensemble nous allons gérer le Sénégal », a affirmé Sall. De son côté, le président Wade explique à qui veut l'entendre que s'il n'a pas gagné au premier tour, c'est parce que « l'Occident a fait campagne électorale contre » lui, sans donner plus de détail mais en visant vraisemblablement au moins la France et les États-Unis.
Wade cherche un ndiguël
Wade cherche à s'appuyer sur les autorités traditionnelles et continue sa tournée chez les chefs religieux, entamée depuis l'ouverture de la campagne électorale pour le second tour, jeudi dernier. Il a notamment rencontré samedi soir Serigne Modou Kara Mbacké, un chef religieux mouride qui est également chef du Parti pour la vérité et le développement (PVD), à qui il a clairement demandé une consigne de vote en sa faveur (ndiguël, en wolof). « Je sais qu'il y a du monde derrière toi, on t'écoutera. Je ne vais pas te tordre le bras, mais sache que je compte sur toi », a déclaré Wade.
Se faisant, le sortant vise à mobiliser une partie des 41,42% d'électeurs qui se sont abstenus au premier tour – en raison des violences préélectorales, selon le Parti démocratique sénégalais (PDS, pouvoir). « J'ai demandé à la famille libérale d'aller rencontrer ces électeurs jusque chez eux s'il le faut, pour leur faire comprendre qu'ils n'ont rien à craindre », a affirmé Wade, qui doit poursuivre sa campagne électorale ce lundi en Casamance.
(Avec AFP)
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