22032012 Xinhua BAMAKO, 21 Mars (Xinhua) -- Les militaires continuent à tirer en l'air et ont visiblement encerclé Gao, ville située à 1 200 km au nord-est de Bamako, en prenant le contrôle des principales voies d'accès, confirme une source proche des forces de sécurité jointes par téléphone dans la cité des Askia (Gao).
Une mutinerie des soldats y a éclaté en début de soirée et les habitants se seraient terrés dans leurs concessions. Il y a une heure, on a entendu des échanges de coup de feu au centre de Bamako, au moment où certaines sources faisaient cas de négociations entre la présidence du Mali et les délégués des mutins qui contrôlent toujours la radio et la télévision nationales. Mais les forces loyalistes contrôlent les points stratégiques de la capitale ainsi que des édifices importants comme l'Assemblée nationale, le Trésor public, la Cité administrative où se trouvent la Primature et une grande partie des départements ministériels du pays. Le périmètre de la présidence, où se tient actuellement une réunion de crise avec les hauts gradés, avait auparavant été bouclé par les forces armées qui ont déployé des véhicules blindés après les fusillades de Kati. Selon les sources en provenance de Gao, les mutins déclarent vouloir neutraliser des officiers vivant dans la ville. Ils recherchent particulièrement le Général Kalifa Kéita, chef du commandement opérationnel de l'armée de cette région. La révolte des soldats n'est pas surprenante et était prévisible après la mutinerie au "Camp Soundiata" de Kati. En effet, le 9 mars dernier, un groupe armé de touaregs (se réclamant des rebelles du MNLA), a attaqué une base d'entraînement de "Gandaïso" (un groupe d'autodéfense constitués de sonrai) en représailles à un précédent accrochage entre les deux groupes. Le bilan avait été très lourd avec 16 morts, dont 15 "Gandaïso" et un rebelle. Pour manifester cette colère à l'encontre des l'armée et leur soutien à ce groupe d'autodéfense, les populations de Gao ont marché samedi dernier (17 mars) pour réclamer la paix et l'armement de leur milice pour affronter les rebelles. Cette marche a été organisée par l'Association des jeunes sédentaires de Gao, essentiellement composée de Songhoï (sonrai). Un millier de personnes a marché avec des slogans tels que "Sans paix, pas d'élection" et en proférant des propos hostiles au président Amadou Toumani Touré et au Général Kalifa Keïta, chef du Poste de contrôle opérationnel de l'armée à Gao assiégé par les marcheurs. "Nous n'avons pas peur. La milice de Gandaïso a été attaquée par les rebelles et 15 personnes ont été tuées. Seul deux ont pu s'échapper. Il n'y a plus de base de la milice dans le cercle d'Ansongo. On ne comprend pas que d'autres milices (arabes et tamasheqs) soient bien équipées par l'armée alors que la nôtre ne le soit pas", avait déclaré à la presse Ibrahim Touré, membre de l'Association "Arc Mali". "Les vieux (notables et administrateurs) sont tous corrompus par l'Etat et chacun d'eux ne veut pas que son nom soit cité dans cette marche. Ainsi, nous avons pris la décision de nous faire entendre car nous avons appris que le 25 mars, Gao sera attaquée par les rebelles. Les policiers, les militaires, les gendarmes et autres cadres nous soutiennent dans l'ombre car ne pouvant pas marcher pour protester. Et cela nous réconforte", avait-il ajouté. Mais, les soldats ont fini par déserter leurs casernes pour étaler au grand jour leur colère et leurs frustrations tout en revendiquant des moyens efficaces de défendre l'unité nationale menacée par le Mouvement pour la libération de l'Azawad. Pour le moment, on ne déplore aucune victime civile puisque les militaires se contentent de tirer en l'air. Selon des sources proches des mutins, ceux-ci revendiquent plus de moyens pour combattre les rebelles au nord-Mali et un "changement" radical dans le commandement des troupes.
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