Mali : la vie reprend à Bamako, mais les inquiétudes demeurent (papier général)
le 28/03/2012 10:20:02
Mali

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xinhua
BAMAKO, 27 Mars (Xinhua) -- Bamako, la capitale malienne, semblait sortir de sa torpeur ce mardi matin, six jours après le coup d'Etat de la junte militaire. Même si la circulation était moins dense que d'ordinaire les jours ouvrables, il y avait plus de monde que ces derniers sur les principales artères de la ville. Les transports en commun (minibus et taxis) étaient nombreux et pleins sur les différentes lignes.




C'est dire que les appels du Conseil national de redressement de la démocratie et de restauration de l'Etat (CNRDRE) et de l' Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) à la reprise du travail dans l'administration publique et privée ont été bien suivis.

Presque tous les travailleurs de l'administration publique étaient au rendez-vous à 07h30 sur leurs lieux de travail. C'est le cas par exemple au ministère de la Jeunesse et des Sports où nous étions ce matin.

« Le cabinet était presque au complet ce matin. Il ne manquait que deux membres, dont l'un est en permission et l'autre bloqué à Paris (France) au retour d'une mission en Erythrée. Avec la réouverture partielle de l'espace aérien, il sera là au plus tard jeudi prochain. Dans nos services centraux ou rattachés, la reprise est également effective », nous indique un responsable de la cellule de communication de ce Département.

Au niveau du secteur privé, les banques étaient les services dont l'ouverture était la plus attendue. « J'étais en manque de liquidité depuis trois jours. Même les guichets automatiques des banques ne fonctionnaient plus. Heureusement, que j'ai un cousin commerçant qui m'a accordé un prêt pour me dépanner », souligne Salif Sidibé, gérant d'une école privée de formation professionnelle.

« Depuis ce matin, nous sommes pris d'assaut. De 7h30 à maintenant (15h00), je n'ai pas bougé de ma place à cause des clients », souligne Kéita, guichetier dans une banque de la place.

Selon nos sources d'informations, certains cadres et agents ont fait acte de présence au bureau avant de se précipiter dans les banques afin de vérifier si les salaires de mars étaient virés. Hélas, ils devront patienter quelques jours encore. Un agent du Trésor public nous fait savoir que les responsables de la junte ont donné des instructions pour que les salaires soient virés dans les meilleurs délais.

Cela ne rassure pas pour le moment. « Nous demandons combien de temps le Trésor public va tenir avec les sanctions internationales et la suspension des coopérations bilatérales avec notamment la France, les Etats-Unis. Il faut être prévoyant et réduire son train de vie parce que, à ce rythme, on ne sait plus de quoi demain sera fait. Si les exigences de la communauté internationale ne sont pas rapidement satisfaites, la junte pourra-t-elle payer les fonctionnaires en fin avril ? Rien n'est moins sûr », s' inquiète Oumar Barou Kéita, un enseignant du secondaire à Bamako.

Son inquiétude est largement partagée presque par tous nos interlocuteurs. Et si beaucoup de Bamakois condamnent le putsch du 22 mars dernier, ils sont nombreux à se morfondre dans le fatalisme. « Certainement que c'est que Dieu a voulu pour le Mali.. C'était sans doute le passage obligé pour sauver le Mali du chaos.. », sont là des propos qu'on attendait le plus dans les services et Grins (cercles de causerie). « Ces jeunes ont pris une lourde responsabilité face à l'histoire de leur patrie. J'espère qu'ils vont se montrer à la hauteur en remettant le pays réellement sur les rails. Nous devons tous les aider à porter ce lourd fardeau », souligne un Officier de l'armée malienne croisé ce matin dans une banque de la place.

Mais, beaucoup de gens espèrent que la classe politique et la junte vont rapidement parvenir à un consensus politique pour raccourcir la transition par l'organisation rapide des élections. Et si on leur demande qui ils voient pour conduire l'exécutif de transition, ils sont nombreux ceux qui répondent : Ousmane Issoufi Maïga ! Il s'agit du Premier ministre du président Amadou Toumani Touré du 29 avril 204 au 27 septembre 2007. Auparavant, entre le 14 juin 2002 et le 29 avril 2007, il avait été ministre de l' Economie et des Finances puis celui des Transports et de l' Equipement. Aujourd'hui, celui que les opposants et la presse ont surnommé « Pinochet » est le président du Conseil d'administration de la société Energie du Mali (EDM). Malgré qu'il soit un jeune retraité, il a la réputation d'être un cadre neutre, honnête et compétent.

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