Bénin : 56% de l'ensemble du territoire national sous la menace de la désertification (INTERVIEW)
le 04/04/2012 10:30:00
BĂ©nin

04042012
Xinhua
COTONOU, 3 avril (Xinhua) -- Avec 56 pour cent de l'ensemble du territoire national dégradé, les coûts globaux induits par les effets de la désertification sont estimés à 1.470.214.657 francs CFA (environ 2,9 millions de dollars américains), a annoncé mardi à Cotonou le ministre béninois de l'Environnement, de l'Habitat et de l'Urbanisme, M. Blaise Ahanhanzo-Glélè, lors d'un entretien accordé à l'Agence Xinhua.



Selon le ministre, la désertification a pris dans ces dernières années, une ampleur inquiétante.

"Au Bénin, la superficie des sols extrêmement dégradés est estimée à 1 240 kilomètres carrés et se retrouvent dans l'extrême nord du pays. Ceux fortement exploités et dégradés sont évalués à 17 170 kilomètres carrés. De même, les sols moyennement dégradés couvrent une superficie de 15 350 kilomètres et ceux faiblement dégradés s'étalent sur une superficie d'environ 29 127 kilomètres carrés", a-t-il déploré.

De même, il a regretté que, grâce aux travaux récents du Centre national de la Télédétection (CENATEL), l'on accepte aujourd'hui qu'au Bénin, la forêt recule au rythme annuel moyen de 1.000 kilomètres carrés.

"De nos jours au Bénin, la désertification est à l'origine de la perturbation du cycle de l'eau, de la baisse des rendements agricoles, de l'accroissement de la proportion des ménages pauvres, de la migration de masse et des famines", a-t-il fait observer.

Selon lui, cette dégradation environnementale, due à une croissance explosive de la population et à des conditions climatiques de plus en plus défavorables, ne fait qu'augmenter la vulnérabilité face à l'insécurité alimentaire. "Cependant, les archives du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) rappellent que le Bénin n'est pas à l'abri d'une telle menace comme ce fut le cas en 1984", a-t-il indiqué.

Ainsi, il a souligné que, près de 92% de la population béninoise dépend intégralement du bois ou du charbon de bois pour la cuisson de ses aliments.

"Il est temps de se rendre compte que quand des communautés entières n'ont d'autre choix que d'utiliser, puis de surexploiter leurs ressources naturelles pour assurer leur survie, comme c'est clairement le cas dans le Bénin septentrional, la gestion durable des sols et de l'environnement ne constitue plus une priorité. Il arrive donc forcément un moment où, faute de terres arables en suffisance pour s'assurer d'une récolte ou pour élever leur bétail, beaucoup doivent se résoudre à migrer", a-t-il fait observer, soulignant la nécessité d'une action urgente et concertée.

"En raison des graves impacts de la dégradation des terres et des changements climatiques sur les éléments fondamentaux de la vie tels que l'accès à l'eau, à l'énergie, la production végétale et animale, la santé ainsi que l'environnement, les stratégies de réponse invitent à des actions urgentes et concertées", a-t-il souligné.

A cet effet, dans sa stratégie d'appui au gouvernement, dans le cadre de la lutte contre la désertification, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) focalise ses interventions sur plusieurs axes, dont le verdissement des cadres de planification macro-économique, notamment la Stratégie de Croissance pour la Réduction de la Pauvreté (SCRP); la gestion décentralisée de l'environnement à travers l'élaboration des outils comme les Plans Locaux d'Aménagement et de Gestion de l'Environnement et les profils environnementaux ; la gestion décentralisée de l'énergie et la diminution de la pression exercée par les communautés locales sur les ressources naturelles. "Le PNUD accompagne également le gouvernement du Bénin dans le respect de ses engagements internationaux (Convention sur la lutte contre la désertification, Convention sur la Diversité Biologique), en appuyant la préparation des différents rapports nationaux", a-t- on indiqué.

Format imprimable Envoyer cet article ŕ un ami Créer un fichier PDF ŕ partir de cet article
Les commentaires appartiennent Ă  leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.