Maurice : Crise en zone euro: les inquiétudes du tourisme mauricien (ANALYSE)
le 22/05/2012 10:28:13
Maurice

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Xinhua
PORT-LOUIS, 21 mai (Xinhua) -- Après avoir longtemps résisté aux effets de la crise financière et la récession, Maurice commence à en ressentir les effets cette année.




Les statistiques publiés vendredi dernier sur le tourisme montrent une chute de plus de 3% des arrivées, un phénomène qui ne s'est pas produit depuis très longtemps.

Dans le même temps, les plus grands groupes hôteliers de l'île publiaient leurs chiffres trimestriels qui indiquent une baisse des profits imputables, selon eux, aux difficultés du marché européen.

Pour le mois d'avril 2012, seulement 50.050 touristes européens sont venus sur l'île de l'océan Indien contre 52.727 en avril 2011.

Première source touristique européenne, la France a subi un recul : de 25.600 à 24.740 alors que le Royaume-Uni s'est replié fortement (de 8.525 à 5.035) de même que le marché italien (de 4. 446 à 2.929).

Jusqu'ici, la destination Maurice semblait avoir été épargnée par la crise et la clientèle fidélisée pendant des décennies avaient continuer leurs visites même si elles leur coûtaient plus chères.

Il semblerait désormais que la morosité ambiante due à des politiques d'austérité généralisées en Europe commence maintenant à affecter quelque peu les habitués du soleil et de l'hospitalité mauricienne.

La perte de 6,3% de la monnaie européenne face à la roupie mauricienne pèse également lourd sur le portefeuille du touriste européen.

Des conditions défavorables pour Maurice auxquelles s'ajoutent la concurrence d'autres destinations régionales comme les Maldives et les Seychelles.

Dans ces pays, contrairement à Maurice, les arrivées sont en hausse. L'archipel des Seychelles enregistrent un plus de 8,8% alors qu'aux Maldives, en dépit de l'instabilité politique qui a suivi le coup d'Etat, on a enregistré une progression de 3,3%.

Des chiffres qui démontrent que d'une part les autorités responsables du tourisme à Maurice peinent à assurer et que d' autre part les groupes hôteliers mauriciens sont plus prévoyants.

Effectivement, la plus part de ces groupes dont Sun Resorts, New Mauritius Hotels et Lux Island Resorts (ex-Naïade) ont tous investi dans ces îles.

Une décision qui leur a permis de minimiser le manque à gagner dans leurs pays d'origine.

Ainsi, Sun a vu son résultat trimestriel progresser de 26% aux Maldives alors que Lux Island enregistre une hausse du taux d' occupation de 3% à 73% et un accroissement du revenu par chambre de 12%.

Comment expliquer cette situation ? Pour les opérateurs mauriciens, il n'y a pas de doute, c'est la desserte aérienne qui est en cause.

Aux Maldives, il y a une quarantaine de vols directs en provenance de Chine chaque semaine tandis qu'aux Seychelles, la compagnie nationale d'aviation a contracté un accord de partenariat avec Etihad Airways du Qatar qui a racheté 40% de son capital.

Paradoxalement, Air Mauritius a supprimé des vols directs en provenance d'Allemagne, d'Italie et de la Suisse sans proposer des alternatives aux tour-opérateurs.

Quant à la liaison directe avec Shanghai qui avait suscité le plus grand espoir dans la communauté des affaires, le projet est mort-né. Pire, c'est un Airbus A 330 qui va assurer cette liaison vers la Chine via la Malaisie.

Un avion plus économique, et moins spacieux, que l'Airbus A 340 qui devait assurer le vol direct Maurice-Shanghai-Maurice.

Par ailleurs, Air Mauritius a réduit à la desserte de Singapour à un seul vol hebdomadaire. Une situation qui met à mal toute la stratégie des hôteliers qui comptent beaucoup sur l'Asie pour compenser les manques à gagner du marché européen.

"Le centre de gravité du développement économique mondial s'est déplacé vers l'Asie, avec comme pays phares la Chine et l'Inde. Nous n'avons de cesse de plaider pour une articulation intelligente dans l'exploitation des marchés traditionnels et des marchés émergents", déclarait récemment Malenn Oodiah, directeur de la communication chez Beachcomber.

Une délégation de Beachcomber et de White Palm a effectué en février une mission d'une semaine en Chine pour prospecter le marché.

"Les résultats sont très positifs. Moyennant que le pays se donne les moyens, en particulier au niveau de l'accès aérien, le marché chinois a un réel potentiel pour compenser la baisse des arrivées des marchés traditionnels", assure M. Oodiah.

Mais la compagnie nationale qui fait face à d'énormes difficultés financières dues en grande partie à la mauvaise gestion par des nominés politiques, fait la sourde oreille, la priorité étant la restructuration.

Air Mauritius, une des rares compagnies faisant des profits au monde dans les périodes dures des années 80-90, est aujourd'hui sans directeur général titulaire et est à la recherche d'un partenaire stratégique.

Les candidats se font toutefois rares au grand dam des opérateurs mauriciens qui voient avec inquiétude leurs carnets de commandes perdre des clients.

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