Dans un climat sous contrôle de l'armée et de la police nationales, appuyées par des missions de paix étrangères dont celle de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC), les Centrafricains s'apprêtent à voter ce dimanche pour les élections présidentielle et législatives qui ont justifié des veillées d'armes dans les états-majors des partis.
(Xinhua) --Sous la supervision de quelque 1.200 observateurs nationaux et internationaux, ce double scrutin mettant en lice 5 candidats à la présidence parmi lesquels le président sortant François Bozizé et 868 autres pour le renouvellement des 105 de députés de l'Assemblée nationale (Parlement) est jugé comme un rendez-vous crucial pour le retour définitif de la paix en République centrafricaine (RCA).
Témoignage de cette préoccupation, un imposant dispositif sécuritaire est perceptible dans les différentes artères et les quartiers de Bangui, la capitale du pays, où les staffs des partis politiques et candidats indépendants en compétition n'ont pas arrêté de multiplier le long de la journée des conclaves pour les ultimes stratégies de conquête du pouvoir, a constat Xinhua.
"Le 10 janvier 2011, tous les candidats aux élections tant présidentielle que législatives étaient au starting block. La campagne électorale avait démarré non sans appréhension pour certains et certitude pour d'autres. La campagne est close et l'heure de vérité a sonné", a souligné dans une déclaration samedi après-midi le président de la Commission électorale indépendante (CEI), le pasteur Joseph Binguimalé.
Après avoir fait part du "rôle de neutralité" joué par cette institution que l'ex-chef de l'Etat Ange-Félix Patassé, candidat indépendant, et l'opposition représentée par l'ex-Premier ministre Martin Ziguélé, l'ex-ministre de la Défense et chef rebelle Jean-Jacques Démafouth et l'économiste Emile Gros-Raymond Nakombo ont récusé jusqu'au dernier moment, l'homme d'Eglise a exhorté "au respect des urnes comme le recommande le Code de bonne conduite" signé par tous.
En ordre de bataille pour une victoire sans appel "dès le premier tour", François Bozizé et son parti, le Kwa na kwa (KNK), qui se veut une machine à gagner les élections après 5 ans d'exercice du pouvoir, dominent la compétition avec lui-même par ailleurs candidat aux législatives dans le 4e arrondissement de Bangui.
De son côté, son épouse Monique cherche à se faire réélire à Bimbo, province proche de la capitale, puis Socrate et Francis, deux fils du président, se présentent de leur côté dans les circonscriptions respectives de Gambo dans le Sud-est et de Kabo dans l'Ouest, vers la frontière entre la RCA et le Tchad.
Plus remarquable encore, le Premier ministre Faustin Touadéra et 22 des 25 ministres de son gouvernement, comme pour encercler et étouffer l'opposition, se sont aussi lancés dans la course afin d'assurer au KNK une majorité écrasante au Parlement. Parmi eux, Sylvain Ndoutingaï, neveu de Bozizé présenté comme étant le plus jeune ministre d'Etat de l'histoire de la RCA, en charge des Mines et de l'Energie.
Bien qu'issus d'ethnies différentes, Bozizé, Patassé et Ziguélé sont tous les trois originaires du Nord, région le plus peuplée de la RCA. Ce sont eux en réalité les barons de la scène politique de ce pays d'Afrique centrale.
BDR, c'est un des slogans de campagne du président sortant. Ce qui veut dire : "Bozizé doit rester". Ziguélé, lui, se proclame le "Moïse" de la Centrafrique. "Un nouveau président pour une nouvelle Centre Afrique", soulignait plutôt une des affiches de Patassé qui a déclaré samedi à la mission d'observateurs de l'Union africaine (UA) venue le rencontrer à sa résidence de Bangui que le chef de l'Etat a tenté de le faire tuer la nuit précédente.
"Ces élections, c'est de l'aventure. Les urnes sont déposées chez les chefs de villages, chez lui (Bozizé, ndlr), chez les ministres (et) à l'Assemblée nationale. Les militaires, normalement, doivent voter 72 heures avant. Or, depuis hier matin, nous apprenons que ce n'est que demain (dimanche, ndlr) qu'ils vont aller voter. La communauté internationale est fâchée", a-t-il affirmé en outre.
Dans le camp de François Bozizé, l'heure est déjà plutôt à l'euphorie. Ses partisans se disent convaincus de sa réélection. "Il y a 5 candidats. Il y a trois qui font le poids : le président sortant, Patassé et Ziguélé. Mais, le président candidat va gagner, dès le premier tour, avec plus de 60% des voix. Il a restauré la paix. L'économie a même fait un pas. Au lieu de 172e, on est maintenant 159e pays à l'indice sur le développement humain", a remarqué Mathieu Ganinga, comptable à Bangui.
Sur les quelque 4,5 millions de Centrafricains, environ 1,8 million sont appelés à se rendre aux urnes, selon les chiffres communiqués par la Commission électorale indépendante, chargée de la publication des résultats provisoires des élections dans un délai de 15 jours après le vote conformément au Code électoral, tandis que la proclamation des résultats définitifs revient à la Cour constitutionnelle.
"Nous, nous disons qu'on ne va pas attendre 5 jours", a affirmé à la presse samedi après-midi Rigobert Vondo, rapporteur général et porte-parole de cette structure administrative logée dans les locaux de l'Assemblée nationale à Bangui.
|