11062012 Xinhua Par Raphaël MVOGO
LIBREVILLE, 10 juin (Xinhua) -- Des pressions étrangères sur les autorités du Malawi sont à l'origine de l'avortement du sommet de l'Union africaine (UA) que devait abriter en juillet ce pays d' Afrique de l'Est, a déclaré à Xinhua dimanche à Libreville le président de la Commission de l'UA, Jean Ping.
C'est finalement au siège de l'organisation continentale à Addis Abeba en Ethiopie que ce rendez-vous des chefs d'Etat africains va se tenir, aux mêmes dates, a annoncé le diplomate africain, qui se dit par ailleurs serein, malgré l'impasse électorale qui a empêché sa reconduction en janvier, face à la candidature sud-africaine.
Question : A quand et oĂą va se tenir le prochain sommet de l' Union africaine ?
Réponse : Le prochain sommet de l'Union africaine, après la déclaration de la présidente du Malawi, se tiendra à Addis Abeba. Les règles que nous avons stipulent clairement que si un sommet ne peut pas se tenir au lieu annoncé, il doit se tenir au siège, à moins qu'un autre Etat demande à l'abriter. Or, les délais que nous avons, j'imagine difficilement un autre Etat en si peu de temps organiser et accueillir un tel sommet.
Q : Il va se tenir aux mêmes dates ou bien il sera décalé ?
R : En principe, c'est les mêmes dates. Il ne sera pas décalé. Normalement, les sommets se tiennent la première semaine de juillet. Mais, c'est le Malawi qui a demandé à ce que le sommet soit légèrement modifié de quelques jours.
Q : La décision du Malawi de refuser la participation au sommet du président soudanais montre la difficulté pour l'Union africaine de faire respecter et appliquer son fameux consensus qui est régulièrement proclamé par les chefs d'Etat. Est-ce qu'elle embarrasse au sein de l'Union africaine ?
R : Il faut que vous compreniez qu'un pays comme le Malawi était sous pression de la Cour pénale internationale pour que le Malawi puisse violer ses règles. Le Malawi n'a pas voulu violer ses règles. C'est sans doute pourquoi le Malawi a demandé que le sommet ne se tienne pas au Malawi. Mais, le Malawi ne pouvait pas résister aux pressions qui s'exerçaient d'une manière très forte vis-à -vis d'un pays qui connaît quelques difficultés.
Q : Une intervention militaire au Mali va-t-elle permettre de sortir de l'impasse dans ce pays ?
R : Si nous n'y croyions pas, on ne l'aurait pas proposée. C' est parce que nous croyons résoudre le problème de cette manière- là que les Etats de la CEDEAO l'ont proposée et que nous avons accepté de proposer cette requête au Conseil de sécurité des Nations Unies pour une résolution nous autorisant à déployer des forces là -bas.
Q : Il y a également ce conflit qui oppose le Soudan et le nouvel Etat indépendant du Sud-Soudan sur les frontières et le partage des ressources du sous-sol dont notamment le pétrole. Vous pensez que l'Union africaine à relever cet autre défi ?
R : Evidemment, c'est un défi pour tout le monde. Mais, les parties ont accepté de négocier. Les négociations ont commencé à Addis Abeba, sous l'égide de l'IGAD. On espère qu'on va aboutir à une solution raisonnable et acceptable par les deux parties.
Q : Au-delà des déclarations, y a-t-il une véritable volonté de Khartoum d'établir une relation stable et de bonne confiance avec son voisin ?
R : Je ne pense pas que c'est simplement un problème de bonne volonté. Nous avons souhaité que les deux pays vivent en paix, dans des frontières sûres. Croyez-vous qu'une guerre est à nouveau quelque chose d'envisageable après 40 ans de conflit ? Je ne crois pas. Je crois donc que la raison va prévaloir.
Q : Jean Ping est-il aujourd'hui un homme serein après l' impasse électorale qui n'a pas permis qu'il soit reconduit en janvier ? Est-ce que vous trouvez cette situation ingrate après un premier mandat que vous estimez vous-même bien accompli ?
R : Non, pas du tout. Moi je suis un homme serein, parce que je me comporte en soldat au service de l'Afrique. Si, pour une raison ou pour une autre, les chefs d'Etat estiment que je devrais rester, je reste. Si, pour une raison ou pour une autre, ils estiment qu' on doit procéder à un changement, c'est normal. C'est la vie. C' est des élections après tout. On ne va pas aux élections en disant: moi je suis sûr de gagner. Non, ça n'existe pas. Donc, moi je suis serein, je n'ai pas de problème personnel. La vie va continuer. De toute façon, chaque chose a une fin.
|