13062012 Xinhua Par Raphaël MVOGO
LIBREVILLE, 12 juin (Xinhua) -- Sur une enveloppe de 9 milliards USD mobilisée pour les financements, la Banque africaine de développement (BAD) alloue 17% sous forme d'aide à la reconstruction au profit de neuf pays dits fragiles parce que sortant d'un conflit, a affirmé dans un entretien à Xinhua, à Libreville, le conseiller spécial du président de cette institution, Youssouf Ouédraogo.
Interrogé en marge du premier New York Forum Africa, une plateforme de réflexion économique tenue du 8 au 10 juin dans la capitale gabonaise, M. Ouédraogo a par ailleurs indiqué que pour les investissements, 5 à 6 milliards USD sont également mis à disposition pour les investissements dont 60% pour les infrastructures.
Question : Vous avez neuf Etats africains dits fragiles que vous aidez pour qu'ils puissent sortir de leur état post-conflit. Quel est le montant de l'enveloppe allouée pour cette opération ?
Réponse : Nous avons le FAD (Fonds africain de développement, ndlr) 12 qui est en cours maintenant jusqu'en 2013. Nous avons 9 milliards de dollars, il y a 17% qui reviennent à ces pays-là . Il y en a qui sont en train de sortir de la fragilité, mais il faut les accompagner avec des politiques qui leur permettent à la fois de renouer avec la communauté internationale, de réhabiliter les institutions et aussi de réhabiliter les infrastructures sociales et économiques qui ont été parfois dégradées, parfois détruites pendant cette période-là . C'est un exercice compliqué, parce que tout est prioritaire. On sort d'une guerre, d'un conflit majeur où les gens qui étaient opposés ou ennemis d'hier, on les amène ensemble. Donc, il faut pouvoir trouver le moyen de satisfaire les besoins immédiats tout en pensant à renouer avec la communauté internationale. Parce que quand le pays était en conflit pendant longtemps il a été sanctionné par la communauté internationale, les institutions financières l'ont exclu de leur financements parce qu'il ne peut pas à payer ses arriérés de dette.
Q : Dans le cas de la République centrafricaine et du Burundi par exemple, qui sont deux pays d'Afrique centrale, quels sont les projets menés dans ces pays et quel en a été l'impact ?
R : Par exemple, je vois en République centrafricaine, on a beaucoup aidé dans le domaine de la santé et de l'éducation, et également à financer le développement rural intégré qui permet à la fois de réhabiliter ces régions-là (Nord, ndlr). On vient d' ouvrir un bureau de la banque là -bas, donc une présence au quotidien qui mène le dialogue directement avec le gouvernement.
Q : A combien se chiffrent aujourd'hui les financements au profit des projets infrastructurels ?
R : Chaque année, nous mettons entre 5 et 6 milliards de dollars pour les investissements en Afrique, 60% vont vers les infrastructures régionales, que ce soit dans les corridors routiers, que ce soit dans l'énergie, que ce soit dans les technologies de l'information et de la communication. Ça c'est des masses globales, je ne peux pas rentrer dans les détails.
Q : En matière d'interconnexion électrique, quels sont les projets qui avancent aujourd'hui ?
R : Toutes les régions. Par exemple le tronçon qui a été fait entre Djibouti et l'Ethiopie. Si vous prenez du côté de la Tanzanie et le Kenya, vous prenez l'Afrique du Sud avec le Mozambique, le renforcement a été fait. Vous prenez l'Afrique centrale ici, avant que le grand projet d'Inga (en RDC, ndlr) soit mis en place, nous avons travaillé sur des projets d' interconnexion entre les pays de la région. Vous prenez l'Afrique de l'Ouest, ce qu'on appelle le West African Power Pool, c'est un pipeline en gaz qui part du Nigeria, qui va permettre de sécuriser à la fois l'approvisionnement et monter des centrales d'énergie au Ghana, en Côte d'Ivoire avec des jonctions dans d'autres pays de l' hinterland. Sans oublier que nous avons financé la connexion qui va de la Côte d'Ivoire vers le Burkina, et également du Ghana vers le Burkina, etc. On essaie de faire en sorte que les chaînons manquants qui existent en Afrique aujourd'hui, qui ne permettent pas aux pays qui n'ont pas d'avantages comparatifs d'énergie on boucle ces chaînons manquants. Ce qui est valable pour les corridors routiers, l'est également pour les interconnexions électriques.
Q : L'objectif de large bande de 2014 en Afrique sera-t-il attient ?
R : C'est en train de se faire. Ce sont des cofinancements. La banque n'apporte pas à elle seule des financements. Elle a lancé en 2007 le "Connecting Africa". C'était un premier sommet fondateur qui s'est tenu à Kigali et à partir de là nous avons pris la décision, avec l'Union internationale des télécommunications, pour permettre à l'Afrique d'aller en puissance dans les nouvelles technologies, pour les mettre au service de tous les secteurs de l'économie. Nous avons aussi créé des centres numériques régionaux, qui vont former des experts, des informaticiens, aider les hommes d'affaires à se former. Nous avons créé un centre régional à Kigali. On a aussi permis de faire un en Tunisie.
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