Égypte : Présidentielle : élection à plusieurs inconnues
le 17/06/2012 10:45:17
Égypte

17062012
IRIB
Qui du candidat de l'ancien régime ou de celui des Frères musulmans sera le prochain président de la République ? Les citoyens égyptiens trancheront les 16 et 17 juin.

Les Égyptiens vont donc devoir choisir entre Mohamed Morsi et Ahmed Chafiq. Avec 24,78 % des voix, le candidat des Frères musulmans, Mohamed Morsi, est arrivé en tête du premier tour de la présidentielle des 23 et 24 mai. Il est talonné par l'ancien Premier ministre de Moubarak, Ahmed Chafiq, qui a obtenu 23,66 % des suffrages exprimés. À peine les deux finalistes ont-ils eu le temps de savourer cette première victoire qu'ils ont dû repartir en campagne pour le second tour de la présidentielle, prévu les 16 et 17 juin, forts de leurs impressionnantes machines électorales.

Amr Moussa et le nassérien Hamdine Sabahi ont cependant fait savoir qu'ils ne voteraient pour aucun des deux finalistes. Plusieurs partis libéraux et de gauche se sont également abstenus de donner une consigne de vote. Quant à Abdel Moneim Aboul Foutouh, s'il n'a pas clairement appelé à voter pour Morsi, il a enjoint ses électeurs de ne pas choisir un cacique de l'ancien régime. Le candidat des Frères musulmans peut également compter sur le soutien de certains prorévolutionnaires dont le pire cauchemar serait de voir un responsable de l'ère Moubarak revenir au pouvoir.

Lors d'une conférence de presse organisée le 29 mai, Morsi a promis de démissionner de son poste de secrétaire général du Parti de la liberté et de la justice (PLJ) en cas de victoire. Il a également assuré que son vice-président serait choisi hors des rangs de la confrérie, indiquant que ce dernier pourrait même être chrétien, et qu'il avait prévu de nommer des chrétiens à des postes clés de la présidence. Entre-temps, les appels au boycott du scrutin se multiplient, et nombreux sont les électeurs qui envisagent de bouder les urnes.



Un des enjeux de ce second tour est donc le taux de participation. « Après un premier tour à 46 % de participation, je pense que l'on va chuter à 30 %, 35 % », met en garde Samer Souleimane, professeur d'économie politique à l'Université américaine du Caire.

Bref, un inquiétant parfum de coup d'Etat institutionnel flotte sur l'Egypte à la veille du scrutin présidentiel prévu les 16 et 17 juin. Il a suffi d'un jugement de la Haute Cour constitutionnelle, jeudi 14 juin, pour dissoudre un Parlement élu cinq mois plus tôt et supprimer, par ricochet, l'Assemblée constituante élue la veille par les parlementaires, rayant d'un trait un an et demi de transition démocratique. Tout un processus, certes chaotique et souvent incohérent, mais qui progressait tant bien que mal vers le transfert du pouvoir de l'armée à une instance civile dotée d'une légitimité raisonnable. Un processus défini dans la Déclaration constitutionnelle adoptée en mars 2011 par référendum et qui devait s'achever par l'élection d'un président de la République.

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