Maurice : inquiétude croissante pour l'industrie touristique (ANALYSE)
le 09/07/2012 10:38:24
Maurice

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Xinhua
PORT-LOUIS, 8 juillet (Xinhua) -- L'inquiétude s'est emparée des opérateurs touristiques mauriciens pour qui les mauvaises nouvelles s'enchaînent depuis le début de l'année.



Si le taux de remplissage dans les grands hôtels avoisinent les 60%, chez les petits opérateurs, ce chiffre descend en dessous de 50%, synonyme de profit nul. Les chiffres publiés au mois de juin par Statistics Mauritius confirment la stagnation dans les arrivées sur l'île Maurice avec un taux de croissance de 0,6%.

L'Europe, principale source du marché mauricien est en régression avec plus de 33.300 arrivées, ce qui représente une de baisse de 4,9% par rapport à la même période de 2011.

La France, premier pourvoyeur, n'a envoyé que 14.331 touristes au mois de mai (-24,6%). En avril, les arrivées en provenance de France totalisaient 24.740 contre 25.600 en avril 2011. L'Italie a accusé une baisse de 24,8%, avec plus de 19.000 arrivées, pour les cinq premiers mois de 2012.

Les nouveaux marchés comme l'Afrique et l'Asie semblent prometteurs avec des taux de croissance intéressants. Pour ce qui est du marché africain, une hausse de 9% des arrivées a été enregistrée au mois de mai, alors que le marché asiatique enregistré une hausse de 25,4%. Mais en termes réels le nombre de visiteurs est encore trop faible pour compenser la perte dans les marchés européens. 19.203 visiteurs en provenance d'Afrique et 7. 105 touristes d'Asie sont loin de faire oublier les absents européens.

Ce qui pousse l'Association des hôteliers et restaurateurs de l' île Maurice (AHRIM) à prévoir que Maurice va perdre sa première place dans la région

"C'est ce qui pousse à croire que Maurice pourrait perdre sa position de pointe en termes d'arrivées touristiques dans la région. Une situation sans précédent", indique l'AHRIM.

"En effet, depuis fin 2008 une accumulation de facteurs externes et internes affectent notre industrie et nous vivons, selon certains, la fin d'un cycle", affirme le nouveau président de l'AHRIM, François Eynaud.

Le président de l'association ajoute que le secteur hôtelier connaît une succession de crises financières et que l'industrie est très endettée, soit à hauteur de 1,4 milliard USD.

"Maurice a, par ailleurs, perdu beaucoup de son attractivité et d'autres destinations font beaucoup mieux que nous, même durant cette crise européenne", souligne M. Eynaud qui ajoute que l'île fait moins rêver et a perdu de son prestige.

"Une étiquette +tourisme de masse+ a fait fuir une partie de notre clientèle haut de gamme qui ne perçoit plus Maurice comme une destination exclusive", constate-t-il. La dégradation de l'image de Maurice est confirmée par une étude d'Interface Tourisme, bureau de représentation de la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA) en France.

En effet, pas seulement les Seychelles, mais aussi La RĂ©union ( 4e position), devancent Maurice comme des destinations qui font le plus rĂŞver.

Maurice est considéré comme moins attrayante (8e position) que les Seychelles se plaçant juste après les Maldives, 2e du classement. La destination favorite des sondés étant la Polynésie française.

Maurice est perçue, en définitive, comme une destination peu préservée, contrairement aux Maldives et aux Seychelles, offrant moins de dépaysement que d'autres, comme Le Bali ou la Thaïlande.

Selon l'étude, Maurice est une destination chère et souffrant d' une certaine banalisation (une île qui manque de surprises et qui ne fait pas ou plus rêver).

Face à ce constat alarmant, les autorités mauriciennes peinent à trouver des parades pour renverser la vapeur. L'organisation du premier Shopping Fiesta ainsi que du premier carnaval international de Maurice, si elle a connu un succès d'affluence ne suscite pas l'enthousiasme des opérateurs.

"La Mauritius Shopping Fiesta (MSF) est un total gaspillage des fonds publics avec aucun retour pour nous. C'est un fiasco total!", déclare Bissoon Mungroo, président de l'Association des hôtels de charme en parlant du gaspillage des fonds publics.

"On ne voit aucune amélioration du côté des réservations. Les taux d'occupation sont bien moins de 50% et tournent actuellement autour de 30 à 45%. C'est une des pires basses saisons qu'on ait connues. Depuis un an, on n'a rien fait et on n'a pas réfléchi sur quoi faire pour la basse saison", explique-t-il.

Le ministre mauricien du Tourisme Sik Yuen rétorque lui que sa stratégie est la bonne. Il assure que le Shopping Fiesta a été " événement extraordinaire" car pas moins de 120 journalistes étrangers sont venus à Maurice dans le cadre de la Mauritius Shopping Fiesta.

"Vous imaginez la couverture médiatique que le pays bénéficiera dans le monde. Nous avons déjà atteint notre objectif en termes de visibilité touristique", fait-il ressortir.

En attendant de vérifier ces propos optimistes, les opérateurs continuent eux de broyer du noir devant les chiffres qui semblent plutôt suivre la tendance du thermomètre hivernal.

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