Bénin : La médecine traditionnelle reste très peu intégrée au système de santé (SYNTHESE)
le 25/08/2012 18:07:58
BĂ©nin

25082012
Xinhua
COTONOU, 24 août (Xinhua) -- Malgré l'augmentation de la demande en soins de santé par les plantes traditionnelles, la médecine traditionnelle n'est pas encore intégrée au système sanitaire du Bénin, a déploré vendredi à Cotonou, Rock Houngnihin, coordonnateur du programme national de la pharmacopée et de la médecine traditionnelle, lors d'un entretien accordé à l'Agence Xinhua

"La très peu intégration de la médecine ancestrale au système de santé atteste que de nombreuses zones d'ombres subsistent et d'importantes pistes de recherche restent encore inexplorées", a déclaré Rock Houngnihin.

LES BIENFAITS DE LA MEDECINE TRADITIONNELLE

Selon le coordonnateur du programme national de la pharmacopée et de la médecine traditionnelle, plus de 80 à 85% de la population béninoise recourent de nos jours à la médecine traditionnelle pour leurs besoins en soins de santé.

"Aujourd'hui, la médecine traditionnelle marque son retour, plus de cinq décennies après les indépendances, en raison d'une combinaison de facteurs culturels, psychosociaux et économiques : récession économique, hausse sans cesse continue du prix des médicaments modernes, recrudescence de certaines maladies et les limites de la médecine moderne, paupérisation des populations", a- t-il souligné.

Selon le professeur Mansourou Moudachirou, chercheur en Bio Chimie à l'Université d'Abomey-Calavi du Bénin, de nombreuses plantes médicinales ou extraits de plantes médicinales sont utilisés par le monde comme médicaments ou compléments alimentaires.

"L'usage des plantes médicinales est en constante progression dans les pays développés, alors qu'ils sont utilisés par environ 80% des population des pays en développement, notamment au Bénin", a-t-il souligné.

Pour ce chercheur en Bio chimie à la Faculté des Sciences et technique de l'Université d'Abomey-Calavi du Bénin, l'intérêt pour les plantes médicinales est lié à un mouvement de "retour vers la nature", mais est aussi la conséquence des résultats de tests cliniques montrant l'intérêt de certaines d'entre elles.

"Dans les pays pauvres, les plantes constituent souvent les seuls traitements financièrement accessibles et sont principalement basés sur la tradition", a-t-il expliqué.

Cette réalité, a-t-il poursuivi, est prise en compte dans la Déclaration d'Alma-Ata (1978) et les orientations de la politique régionale de santé pour tous au 21ème siècle qui soulignent l'importance de la médecine traditionnelle en matière de soins de santé primaires.

LES DISPOSITIONS JURIDIQUES ET INSTITUTIONNELLES PRISES PAR LE BENIN

"Au Bénin, la concrétisation des différentes résolutions adoptées par les chefs d'Etat et de gouvernement africains s'est soldée par la création, en 1996, du programme national de la pharmacopée et de la médecine traditionnelles (PNPMT), en application des résolutions de la table ronde sur le secteur de la santé tenue en 1990 qui recommande, parmi les grandes orientations, le développement de ce sous-secteur", a renchérit Rock Houngnihin.

En terme de réalisations, a-t-il souligné, le processus d'institutionnalisation de la médecine traditionnelle au Bénin a consacré l'adoption, en 2001, du décret, fixant les principes de déontologie et les conditions de l'exercice de la médecine traditionnelle en République du Bénin.

"Ce décret a permis d'adopter, en 2002, la politique de promotion et d'intégration de la pharmacopée et de la médecine traditionnelles dans le système national de santé. Sur le plan législatif et réglementaire, il a été rendu disponible un arrêté interministériel pour réglementer la publicité en matière de pharmacopée et de médecine traditionnelles au Bénin. Ensuite, le renforcement des capacités des praticiens de la médecine traditionnelle a consacré l'élaboration de manuels de formation sur la prévention, le diagnostic et le traitement du paludisme et la formation d'environ 3.500 personnes sur l'ensemble du territoire national", a-t-il fait observer.

En matière de production de médicaments traditionnels, a-t-il expliqué, la démarche repose sur la nécessité d'assurer la disponibilité de la matière première et des médicaments traditionnels de bonne qualité et à moindre coût dans le système de santé.

"Dans ce cadre, il a été procédé à l'inventaire des plantes médicinales utilisées pour la prise en charge des maladies sur toute l'étendue du territoire national. Cette action majeure a été précédée du recensement de tous les praticiens de la médecine traditionnelle. Aujourd'hui, il existe environ 7.500 praticiens de la médecine traditionnelle répartis sur l'ensemble du territoire national", a-t-il souligné.

Dans la logique de production de médicaments traditionnels, a-t- il affirmé, il a été mis en place une stratégie d'appui à la création de jardins de plantes médicinales.

"Un total de 35 jardins est aujourd'hui fonctionnel, l'objectif étant d'en avoir au moins un par commune. La mise en place des jardins a nécessité, en certains endroits, la construction de hangars et de points d'eau pour l'entretien des plants", a-t-il affirmé, soulignant les faiblesses du secteur de la médecine traditionnelle au Bénin.

"Malgré toutes ces dispositions juridiques et institutionnelles, la faible vulgarisation des recherches, l'intégration non encore effective de la médecine traditionnelle dans le système de soins au Bénin sont autant de maux qui handicapent le développement du secteur de la médecine traditionnelle au Bénin", a-t-il déploré, soulignant la nécessité pour les dirigeants politiques béninois, l'adoption d'un plan stratégique subséquent

"En perspectives, les dirigeants de la politique sanitaire du Bénin doivent procéder à l'actualisation de la pharmacopée, la cartographie des plantes médicinales, la révision de la politique et du plan stratégique", a-t-il préconisé.

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