03092012 Xinhua PORT-LOUIS, 2 août (Xinhua) -- Maurice a connu un week-end marqué par plusieurs manifestations syndicales, ce qui montre un climat social qui se tend de plus en plus.
Dimanche, plusieurs confédérations se sont donnés rendez-vous à Port-Louis pour fêter la "victoire" dans le conflit avec les sucriers.
Samedi, toujours à Port-Louis, les marchands ambulants ont défilé pour protester contre l'interdiction qui leur est faite de travailler près du marché centrale, alors qu'à Rose-Hill, un autre rassemblement a eu lieu pour dénoncer les licenciements abusifs et l'accroissement du chômage.
Organisé par la General Workers Federation (GWF) et le Joint Negotiating Panel (JNP), le rassemblement de dimanche avait initialement été prévu pour lancer la grève générale dans l' industrie sucrière au cas où les usiniers maintenaient leur refus de continuer les négociations tripartites syndicats-patronat- gouvernement.
Après l'accord intervenu le 17 août, les syndicats ont maintenu le rassemblement pour fêter la "victoire" et montrer leur détermination à ne pas faire de concession envers le patronat.
Les dirigeants syndicaux ont annoncé le lancement d'une campagne de mobilisation nationale en vue des négociations salariales qui doivent commencer en janvier 2013 dans les secteurs de l'industrie sucrière et du transport.
La première réunion d'organisation pour cette campagne de mobilisation aura lieu dans deux semaines. Les syndicats veulent également réclamer l'amendement de deux lois du travail, votées en 2008, qui ont donné des pouvoirs accrus aux employeurs pour licencier notamment.
De son côté, le principal syndicat du secteur portuaire, la Port-Louis Maritime Employees Association (PLMEA), réclame l' ouverture des négociations au niveau de la Cargo Handling Corporation, organisme qui gère le port, au début du mois d' octobre pour une révision salariale applicable en janvier 2013.
Même si l'éventualité d'une grève n'est pas encore évoquée, les représentants syndicats ont clairement fait comprendre leur détermination à aller au bout de leurs revendications face à un effritement du pouvoir d'achat.
Plusieurs syndicats proches de la Confédération Syndicale de Gauche (CSG-Solidarité) ont également participé au meeting du dimanche dans la capitale mauricienne. Leurs représentants ont mis l'accent sur l'importance pour les travailleurs de se réunir en une force politique pour réclamer un changement profond de la société.
S'agissant des revendications salariales prévues pour janvier prochain, une action concertée dans les trois secteurs susmentionnés n'est pas à écarter.
D'ailleurs le président de la PLMEA et celui des travailleurs du transport public, l'Union of Bus Industry Workers (IBIW), ont déjà pris l'engagement de soutenir toute action du JNP en 2013 lors de leurs interventions samedi au rassemblement de la " Platform kont lalwa anti-travayer (PKLA)", qui veut faire amender les lois du travail votées en 2008. Un soutien qui devrait être réciproque à en croire les dirigeants de la GWF et du JNP.
Les dirigeants syndicaux présents samedi à Rose-Hill ont unanimement plaidé en faveur de l'unité de tous les syndiqués du pays avant le début d'une marche pacifique.
Les différents leaders syndicaux ont fait le procès des deux législations du travail, l'Employement Rights Act et l'Employment Relations Act, qui, selon eux, réduisent les droits des travailleurs au profit des employeurs.
Pour arriver Ă leur but, il faut que les syndicats s'unissent et fassent taire leurs divergences, ont-t-ils tous soutenu.
"Il faut mettre de côté les divergences et l'orgueil. Il nous faut marcher ensemble (..) Il ne faut pas rentrer dans la logique d' être contre les activités des autres centrales syndicales", suggère Jack Bizlall, un des membres en vue de la plateforme.
Tous les orateurs ont donné rendez-vous pour la prochaine manifestation du 7 octobre, lors de la célébration de la Journée mondiale du travail décent.
Samedi, une autre manifestation a eu lieu à Port-Louis pour le droit au travail. C'étaient les marchands ambulants interdits par la Cour suprême d'exercer autour du marché central de la capitale.
Ils ont perturbé le trafic à hauteur de la gare du Nord, forçant les policiers à établir un cordon afin de rendre la circulation plus fluide.
Les marchands exprimaient leur colère envers les autorités et en particulier contre la police. "Cela fait des années que je suis une marchande ambulante. Je vends des babioles afin de joindre les deux bouts et de prendre soin de ma petite famille. C'est mon seul gagne-pain. Et voilà que la mairie veut me priver de ces revenus. La police et elle nous poussent au chômage?", crie une femme hors d'elle.
Ces marchands qui n'ont pas de permis d'opérer ont défié un autre de la Cour suprême qui leur interdit depuis 2006 d'opérer dans un rayon de 500 mètres autour du marché central.
L'ordre n'a jamais été respecté et il a fallu que les marchands qui travaillent à l'intérieur du marché élèvent la voix pour que la police fasse enfin son travail.
Cette situation risque encore de se compliquer en début de semaine avec la détermination des marchands ambulants de braver les policiers et de venir travailler près du marché.
Les commerçants regroupés au sein du Front Commun des Commerçants de l'île Maurice avaient déjà menacé de désobéissance civile. Le front a signifié son intention de fermer boutique et d' opérer à même les rues si d'ici fin décembre 2012 si aucune solution durable n'est trouvée face à ce problème.
Il est également question de ne plus payer leurs permis d' opérations, importante source de revenus pour les collectivités locales.
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