Bénin : La liberté d'expression est-elle à la croisée des chemins 22 ans après l'instauration de la démocratie béninoise (PAPIER D'ANGLE)
le 15/09/2012 18:00:00
BĂ©nin

L'ère du renouveau démocratique née de la Conférence des Forces vives de la Nation de février 1990, qui a instauré au Bénin un climat d'espoir et de renaissance politique après plusieurs années d'instabilité, est elle à nos jours à la croisée des chemins ?

LES ACQUIS DU PROCESSUS DEMOCRATIQUE EN COURS AU BENIN DEPUIS FEVRIER 1990

Cette conférence, qui a réconcilié la Nation béninoise avec elle-même, a institué un cadre favorable à l'expression des libertés publiques, avec pour conséquence, l'avènement de près de 200 formations politiques, d'une dizaine de Confédérations et centrales syndicales, de plus de 175 journaux et périodiques notamment 105 quotidiens, 12 bihebdomadaires, 36 hebdomadaires, 9 bimensuels, un trimestriel et 12 mensuels, et d'une vingtaine de chaînes de radios et de télévisions.

Cette liberté retrouvée après plus d'une trentaine d'année de régime marxisme-léninisme, sous l'ancien président de la République Mathieu Kérékou, a également permis au peuple béninois, d'organiser cinq élections présidentielles, cinq élections législatives, deux élections communales et municipales et une élection locale, sans que la paix et la stabilité du pays ne soient jamais remises en cause.

"Ce nouveau contexte d'expression reflet la vitalité des forces politiques jusque-là bâillonnées, de même que la diversité des intérêts", a souligné Patrice Vihotogbé, socio-anthropologue.

LA DESCENTE AUX ENFERS DU PROCESSUS DEMOCRATIQUE BENINOIS

De multiples situations ont amené plus d'un à agiter la problématique de la liberté de la presse. En effet, ces dernières années, la liberté d'expression au Bénin a régressé dans les classements de Reporters Sans Frontière.

"De la 70ème place au classement annuel de liberté de la presse de Reporters Sans Frontière, publié en 2010, le Bénin se retrouve à la 91ème place de l'édition 2011-2012 du même classement", a-t-on indiqué.

Pour les membres de la société civile béninoise, ce rang occupé par le Bénin dans ce classement annuel de liberté de la presse de Reporter sans frontière montre tout simplement que liberté de la presse n'est plus respectée sur le territoire béninois.

"Plusieurs indices sont favorables à ce rang du Bénin en 2011, notamment les nombreux cas de violences perpétrées sur les professionnels des médias par des agents de Police, la suspension définitive du quotidien 'Le Béninois Libéré' dont le directeur du journal, Aboubacar Takou, et son directeur de publication, Eric Tchiakpè, se sont par ailleurs vu interdire jusqu'à nouvel ordre l'exercice de la profession de journaliste ainsi que la création d'un organe de presse dans le pays et enfin la perturbation d'une émission du RFI sur la réélection du président Boni Yayi", a déploré le secrétaire général de la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (CGTB), Gaston Azoua.

Pour les professionnels des médias du Bénin, la descente aux enfers du pays a commencé depuis 2002 où le Bénin occupait la 21ème place. Il est passé au 29ème rang en 2003, 27ème en 2004, 25ème en 2005, 24ème en 2006, puis 53ème en 2007, 70ème en 2008, 72ème en 2009 et avant de revenir au 70ème rang en 2010.

"Toutes ces dégringolades du Bénin en matière du respect de la liberté de la presse montrent tout simplement que la libre expression, l'une des piliers fondamentales de la démocratie est sous une terrible menace en République du Bénin", ont-ils souligné.
15092012
Xinhua
COTONOU, 14 septembre (Xinhua) --

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