Mali : une intervention, mais sous quelle forme ?
le 18/09/2012 10:50:00
Mali

L’hypothèse d’une intervention militaire au Nord-Mali, avec le soutien de la Cedeao et des Nations Unies, est de plus en plus crédible.


Le président par intérim, Dioncounda Traoré, a officiellement demandé l’assistance de l’organisation régionale et de l’ONU. Mais les contours de l’opération restent flous. Quelle intervention pour le Mali ? Exprimez-vous dans les commentaires.

Le mot n’est plus tabou. L’intervention au nord du Mali est sur toutes les lèvres. Elle est pourtant loin d’être clairement définie. Entre les volontés d’un exécutif malien repris en main par Dioncounda Traoré, les inquiétudes des Nations Unies, les plans imprécis de la Cedeao et l’influence persistante du capitaine Sanogo, les problèmes de forme font légion.

Ce qu’a demandé Dioncounda Traoré

C’est ce qu’attendait la communauté internationale. Le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, a officiellement demandé le soutien de l’ONU, le 30 août, puis, deux jours plus tard, de la Cedeao. « Dioncounda Traoré a écrit à Ban Ki-moon. Il demande au SG (secrétaire général) des Nations unies appui et accompagnement pour le Mali », a ainsi annoncé la présidence malienne sur son compte Twitter (@PresidenceMali).

Dioncounda Traoré a également envoyé au président ivoirien Alassane Ouattara une requête demandant à la Cedeao d’apporter un soutien militaire au Mali pour recouvrer l’intégrité de son territoire. L’aide devrait selon lui se limiter à la réorganisation des forces armées et de sécurité, l’envoi d’un détachement de fonctionnaires de police et d’équipements pour renforcer les capacités anti-terroristes de l’armée malienne. En revanche, il rejette la possibilité d’un déploiement à Bamako pour sécuriser les institutions de la transition.

Ce que veut le capitaine Sanogo

La probable intervention est d’une importance cruciale pour le chef de l’ex-junte, qui a renversé le président Amadou Toumani Touré le 22 mars 2012. Il joue beaucoup sur ce dossier et d’abord son propre avenir. Son objectif : garantir à l’armée malienne la main mise sur les opérations et donc, de fait, limiter au maximum la présence de militaires de la Cedeao.

Le capitaine Sanogo s’est donc aligné en partie sur la demande de Dioncounda Traoré, par laquelle il a cependant été pris de court. Il accepte ainsi un soutien logistique et une assistance militaire, notamment dans le domaine des transports aériens. Il espère également bénéficier de la formation militaire de l’organisation régionale, en particulier en ce qui concerne les opérations anti-terroristes. Cependant, il refuse toute intervention directe de la Cedeao et a obtenu du président par intérim l’abandon de l’idée de faire sécuriser les institutions de la transition à Bamako par les forces régionales.

Ce que prépare la Cedeao

C’est l’acteur clé de la situation. La Cedeao a reçu officiellement la demande du président par intérim, Dioncounda Traoré, et prépare un plan d’intervention. L’organisation a annoncé disposer d’une force en attente de 3 300 soldats et comptait les faire débarquer à Bamako pour renforcer les capacités opérationnelles des forces de défense et de sécurité maliennes, soutenir les troupes dans la reconquête du Nord et apporter une aide humanitaire aux populations déplacées ou réfugiées. Ces soldats devaient également assurer la sécurisation des institutions de transition dans la capitale, une mission qui n’aura vraisemblablement pas lieu.

Tout l’enjeu pour la Cedeao est de renforcer les autorités civiles par rapport aux autorités militaires. Elle devra donc compter sur l’hostilité du capitaine Sanogo. Outre les tractations au sein de l’organisation, où le président en exercice, Alassane Ouattara, devrait jouer un grand rôle, c’est à New-York que devrait se jouer l’avenir de la future intervention. La Cedeao , qui n’a pas les moyens financiers d’assumer l’opération, a en effet besoin de l’appui de l’ONU, dont l’Assemblée générale se réunira le 18 septembre. Mais, jusqu’à présent, les propositions de l’organisation régionale ont laissé les chancelleries occidentales circonspectes. Trop imprécises.

18092012
Jeune afrique

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