20110202 UN La Haute commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay a exhorté mardi les autorités égyptiennes à prendre en compte les demandes du peuple et à amorcer les réformes politiques nécessaires pour améliorer le respect des droits humains et de la démocratie. Elle s'est également inquiétée du nombre croissant de victimes ces derniers jours.
« Le mouvement populaire en Egypte, sans précédent depuis des décennies, a été conduit d'une manière courageuse et pacifique », a dit Navi Pillay dans un communiqué de presse. « Le monde entier scrute la réaction du Président et du nouveau gouvernement face aux protestations qui continuent demandant un changement radical sur un large éventail de droits ; civils, politiques, sociaux, culturels et économiques », a-t-elle ajouté.
Des informations non-confirmées font état d'au moins 300 morts et de plus de 3.000 blessés ainsi que des centaines d'autres personnes arrêtées, a-t-elle souligné.
« J'exhorte les autorités égyptiennes à garantir que la police et les forces de sécurité évitent scrupuleusement l'usage excessif de la force et la nécessité de mener une enquête sur le rôle des forces de sécurité ces derniers jours », a estimé Navi Pillay en rappelant que les autorités avaient pour responsabilité de « protéger les civils » et que les manifestants ne devaient pas être « détenus arbitrairement ».
Selon la Haute commissaire, les droits de l'homme sont au coeur des revendications du peuple égyptien qui semble « rejeter un système qui les a privés de la jouissance de leurs droits fondamentaux ».
« Je pense que le gouvernement égyptien, en maintenant l'état d'urgence pendant 30 ans a clairement montré que les droits humains ne faisaient pas partie de ses priorités », a-t-elle ajouté. L'état d'urgence est en vigueur depuis 1981, suite à l'assassinat du Président Sadate. La loi n'a jamais été levée depuis cette date.
« Le respect des droits de l'homme est fondamental pour la démocratie, et il n'est pas surprenant de constater qu'une grande partie de la population associe la revendication de ses droits au changement politique », a-t-elle expliqué.
Elle a par ailleurs salué l'annonce faite lundi par l'armée de ne pas faire usage de la force contre le peuple. Elle a aussi appelé « l'armée de l'air à arrêter les vols en rase-motte qui sont extraordinairement intimidants pour les manifestants dans les rues ».
Alors qu'un million de personnes étaient attendues mardi dans les rues d'Egypte, Navi Pillay a appelé l'armée et la police à faire preuve de retenue tout comme les manifestants à éviter de perpétrer des actes violents. La Haute commissaire a de nouveau appelé au retour des moyens de communications et d'internet soulignant l'importance de la liberté d'information.
« J'exhorte tous les gouvernements, dans la région et partout ailleurs à refléter le fait que, sur le long terme, la stabilité ne dépend pas d'un appareil sécuritaire impitoyable ou d'une alliance de militaires mais d'un développement des droits humains et de la démocratie », a dit Navi Pillay. « Ce sont les principes sur lesquels les Nations Unies ont été fondées. La stabilité ne peut pas être abordée uniquement sous l'angle de la sécurité. C'est une méthode de court-terme qui est condamnée à échouer », a-t-elle conclu.
En marge du Sommet de l'Union Africaine (UA), le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé dimanche les dirigeants égyptiens « à écouter la voix du peuple » et « à prendre des mesures » pour répondre à ses aspirations, notamment la garantie de la liberté d'expression et d'association.
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