Afrique : Crise ivoirienne - La nouvelle médiation africaine critiquée mais pas récusée par les deux camps rivaux
le 02/02/2011 16:48:06
Afrique

20110202
RFI
En Côte d'Ivoire, à peine nommé, le panel des cinq chefs d'Etats chargés par le dernier sommet de l'Union africaine de mener une médiation entre les deux camps Gbagbo et Ouattara subit des critiques de part et d'autre. Mais personne, cependant, ne se risque à le récuser d'entrée de jeu.

Avant même le début de la nouvelle médiation de l'Union africaine, les deux camps rivaux ivoiriens prennent date avec elle en émettant des réserves sur le panel des cinq chefs d'Etats. Premier ministre d'Alassane Ouattara, Guillaume Soro, sans attendre, prévient ainsi que Laurent Gbagbo opposera une « fin de non-recevoir » au panel. Lequel est aussi critiqué par le camp opposé, mais pas pour les mêmes raisons.

Chef des « jeunes patriotes », partisans de Laurent Gbagbo, Charles Blé-Goudé ne souhaite pas une bonne arrivée à l'un des cinq membres du panel, le président burkinabè Blaise Compaoré. « C'est un belligérant, lance le ministre Blé-Goudé, son pays continue d'être l'arrière-base de la rébellion ».

Pour autant, les deux camps acceptent cette nouvelle médiation. Dans le camp Gbagbo, Ahoua Don Mello, porte-parole du gouvernement, souligne que la création du panel « rejoint le souhait » de Laurent Gbagbo de voir une commission mise en place pour résoudre la crise. Et dans celui d'Alassane Ouattara, la porte-parole Anne Oulotto dit ne nourrir « aucune crainte » relative au panel.

La médiation va donc pouvoir commencer à travailler. Pour chaque camp, il sera toujours temps, dans un mois, d'éventuellement rejeter ses conclusions en déclarant : nous vous l'avions bien dit.

L'UEMOA affiche un langage de fermeté

Une réunion extraordinaire du conseil des ministres de l'UEMOA s'est tenue hier au siège de la BCEAO, la banque centrale de la zone monétaire, à Dakar. Les ministres étaient appelés à se pencher sur la situation en Côte d'Ivoire, où le président sortant Laurent Gbagbo a fait occuper les agences de la banque centrale pour tenter de conserver le contrôle sur les comptes de l'Etat ivoirien. Les ministres n'ont pas annoncé de mesures particulières après cette occupation, et n'ont pas non plus révélé la teneur de leurs préconisations. Mais ils affichent une position ferme.

C'est un ton solennel qu'a emprunté dès la cérémonie d'ouverture de ce conseil extraordinaire José Mario Vaz, le ministres des Finances de Guinée-Bissau. « La situation est grave », lance le responsable pour accueillir ses collègues. Et il explique, en substance, qu'après la décision de reconnaître le gouvernement Ouattara comme le seul habilité à effectuer des mouvements sur les comptes de l'Etat ivoiriens, les locaux de la banque centrale en Côte d'Ivoire ont été investis par des partisans du président sortant, Laurent Gbagbo. Le personnel a été réquisitionné. Il a été contraint, en présence de la force publique, à effectuer plusieurs opérations. « Depuis lors, explique le ministre, l'Agence principale d'Abidjan ne répond plus aux injonctions et aux instructions du siège ». Ces actes sont sans précédent dans l'Union. Les discussions sont ouvertes.

Le communiqué final est diffusé dans l'après-midi. Les ministres n'y révèlent pas leurs préconisations au président en exercice de l'Union, mais lancent une mise en garde. Ils condamnent « fermement » l'occupation des locaux de la BCEAO en Côte d'Ivoire, de même que « l'exécution illégale et frauduleuse des opérations qui y ont été effectuées ». Pour les ministres de l'UEMOA, « ces faits constituent une violation flagrante des engagements internationaux pris par la Côte d'Ivoire ».

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