Sénégal : François Hollande à Dakar : "Le temps de la Françafrique est révolu"
le 14/10/2012 13:30:00
Sénégal

Image redimensionnéeLe chef de l’État français est arrivé en fin de matinée, le 12 octobre, dans la capitale sénégalaise. Après un tête-à-tête et un déjeuner de travail avec son homologue sénégalais, Macky Sall, il a prononcé un discours devant l’Assemblée nationale. Un texte progressiste et concret, loin de l’idéologie de son prédécesseur, Nicolas Sarkozy.


François Hollande a attendu cinq mois pour se rendre en Afrique. À la même époque, au mois d’octobre, en 2007, son prédécesseur Nicolas Sarkozy avait déjà visité l’Algérie, la Tunisie, la Libye, le Sénégal, le Gabon et il s’apprêtait à se rendre au Maroc. Il avait surtout scandalisé le continent – et au-delà - en prononçant dans la capitale sénégalaise un discours hors-sujet, rempli de clichés fleurant bon les tam-tams, grigris et autres « sagesses ancestrales » dont la jeunesse africaine à laquelle il était censé s’adresser ne voulait plus entendre parler.

Dans ce contexte, l’Afrique, pour François Hollande, a longtemps représenté l’endroit où il n’y avait que des coups à prendre. Il ne s’y est d’ailleurs pas rendu pendant la campagne électorale – contrairement à Nicolas Sarkozy qui, en 2006, avait été au Bénin.

Comment parler franchement sans offenser ? Comment défendre les principes universels auxquels la gauche française ne peut déroger sans entraver des intérêts économiques déjà mis à mal par la rude concurrence des pays émergents ? Le sommet de la Francophonie, prévu du 12 au 14 octobre à Kinshasa, et la présence quasi obligatoire de François Hollande à cette grand-messe, l’a forcé à trancher ces dilemmes – verbalement en tous cas.

Et c’est devant une Assemblée très féminine, composée de quelque 150 députés ayant tous revêtu leur écharpe aux couleurs du Sénégal, que François Hollande a pris la parole à 16 heures 40 locales. « Le temps de la Françafrique est révolu, a-t-il finalement pris le parti d’affirmer. Il y a la France et l’Afrique. Avec des relations fondées sur le respect, la clarté et la solidarité. »

François Hollande a fait le choix de ne pas s’attarder sur l’Histoire – dont l’interprétation sarkozyenne avait fait couler tant d’encre.

Trois principes qu’il a décliné tout au long d’une intervention essentiellement tournée vers l’Afrique de demain et l’avenir commun des continents africains et européens. À part une rapide référence liminaire à l’esclavage, « à la colonisation et ses souffrance » et au sang versé par les Africains lors des conflits mondiaux, François Hollande a fait le choix de ne pas s’attarder sur l’Histoire – dont l’interprétation sarkozyenne avait fait couler tant d’encre. Et il a réservé les moments de célébration mémorielle à sa visite à l’île de Gorée, prévue plus tard dans la journée.

La place de la France en Afrique

François Hollande et son homologue sénégalais Macky Sall, à Dakar, le 12 octobre.« La clarté, c’est la simplicité dans nos rapports d’État à État. Les émissaires, les intermédiaires et les officines trouvent désormais porte close à la présidence de la République comme dans les ministères », a martelé le chef de l’État français, en rappelant les quelques mesures symboliques prises depuis le début de son mandat, comme la transformation du ministère de la Coopération en ministère du Développement – dont le titulaire du portefeuille, Pascal Camfin, était dans la délégation présidentielle -, et la poursuite d’évolutions entamées auparavant, comme la renégociation des accords de défense sans clauses secrètes. La place de la France en Afrique devra donc être désormais « claire, transparente et fondée sur la solidarité. « Nous devons tout nous dire. »

Surtout, François Hollande (en photo ci-dessus avec son homologue sénégalais Macky Sall, © AFP) a précisé la manière dont il comptait concrètement engager la France aux côtés des pays africains : soutien au développement (par le biais de l’aide au développement et des financements innovants), appui aux organisations régionales (Union africaine, Communauté de développement économique des États d’Afrique de l’Ouest) et – changement réclamé à hauts cris par les chancelleries africaines - réforme de la politique des visas.

« J’entends mettre fin à ce paradoxe, qui veut que la France ait, dans un passé récent, trop souvent fermé la porte à ceux qui voulaient y créer des emplois, y développer les échanges, participer à l’effort de recherche ou de création artistique », a-t-il lancé sous les applaudissements des députés sénégalais.

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