Mali : La réunion de la derniÚre chance ?
le 21/10/2012 18:20:00
Mali

RĂ©unis Ă  Bruxelles le mĂȘme jour que cette rencontre de Bamako, les chefs d'État et de gouvernement de l'UE devaient approuver dans la journĂ©e une dĂ©claration oĂč ils se disent “prĂȘts Ă  aider le Mali”.




Le prĂ©sident malien est pressĂ© de voir dĂ©barquer sur le sol de son pays les troupes de la CĂ©dĂ©ao, appuyĂ©es par la communautĂ© internationale. À l’ouverture de la rĂ©union ministĂ©rielle consacrĂ©e Ă  la crise malienne, qui s’est tenue hier Ă  Bamako, le prĂ©sident par intĂ©rim, Dioncounda TraorĂ©, a appelĂ© Ă  une action urgente pour la reconquĂȘte militaire du nord du Mali, occupĂ© depuis plus de six mois par des groupes islamistes armĂ©s. “Nous ne devons plus perdre la moindre seconde. Il y a un caractĂšre d'urgence, nous sommes engagĂ©s dans une course contre la montre.”
Il a remerciĂ© la communautĂ© internationale pour son soutien au Mali depuis le dĂ©but de la crise et a rendu notamment hommage Ă  Mme Dlamini-Zuma, au secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l'ONU Ban Ki-moon et au prĂ©sident français François Hollande. “GrĂące Ă  votre soutien et Ă  votre solidaritĂ© agissante, notre pays, le Mali, ne s'est jamais senti seul”, a affirmĂ© Dioncounda TraorĂ©, qui a omis de mentionner l’AlgĂ©rie Ă  qui il reprocherait son opposition au traitement “tout sĂ©curitaire” et surtout l’intervention Ă©trangĂšre, dans le conflit malien.

Les participants Ă  cette rĂ©union qui se tient au niveau ministĂ©riel discuteront de la situation au Mali et dĂ©battront d'un projet de “concept stratĂ©gique” pour la rĂ©solution des crises que connaĂźt le Mali dans ses dimensions institutionnelle, sĂ©curitaire, humanitaire et de dĂ©veloppement.

La réunion de Bamako se tient une semaine aprÚs l'adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies de la résolution 2071 sur le Mali.
Le chef de la diplomatie algĂ©rienne, Mourad Medelci, prĂ©sent Ă  Bamako depuis jeudi, a indiquĂ© : “Si l’intervention (militaire) au nord du Mali a pour objectif la lutte contre le terrorisme, l’AlgĂ©rie s’est dĂ©jĂ  exprimĂ©e sur ce sujet ; elle a exprimĂ©, et je le confirme aujourd’hui, non seulement son intention, mais sa volontĂ© de persĂ©vĂ©rer dans la lutte, par tous les moyens, contre le terrorisme (
). Nous considĂ©rons cela comme un objectif important qui ne doit pas, en revanche, nous faire oublier que pour bien lutter contre le terrorisme, il faudra Ă©galement refaire l’unitĂ© nationale du Mali autour de la fraternitĂ©, de la rĂ©conciliation et mobiliser l’ensemble des acteurs maliens pour construire le Mali de demain.”

Le ministre des Affaires Ă©trangĂšres a fait remarquer, en outre, que “nous sommes aujourd’hui dans la nĂ©cessitĂ© d’en appeler Ă©galement Ă  la communautĂ© internationale, parce que nous sommes tous convaincus que la lutte contre le terrorisme est une lutte qui interpelle l’ensemble de la communautĂ© internationale, et celle-ci doit apporter une contribution dĂ©terminante dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisĂ©â€.

“Nous sommes confiants qu’on peut dĂ©velopper, Ă  la fois, un dialogue entre les frĂšres maliens et mener la lutte contre le terrorisme”, a-t-il dit.
L’AlgĂ©rie, a-t-il poursuivi, est en train de dĂ©velopper une action dans trois directions qui sont “toutes complĂ©mentaires”. Il y a d’abord une action humanitaire, une action politique et une action de partage dans la lutte contre le terrorisme, a-t-il expliquĂ©.
De son cĂŽtĂ©, le ministre dĂ©lĂ©guĂ© chargĂ© des Affaires maghrĂ©bines et africaines, Abdelkader Messahel, a dĂ©clarĂ©, hier Ă  Washington, que la rĂ©solution du Conseil de sĂ©curitĂ© relative Ă  la crise malienne “a fĂ©dĂ©rĂ© les diffĂ©rentes approches”, tout en relevant l’importance “de tirer les enseignements de l'histoire rĂ©cente, comme en Libye, afin d’éviter tout amalgame et tout dĂ©bordement”. RĂ©unis Ă  Bruxelles le mĂȘme jour que cette rencontre de Bamako, les chefs d'État et de gouvernement de l'UE devaient approuver dans la journĂ©e une dĂ©claration oĂč ils se disent “prĂȘts Ă  aider le Mali dans ses efforts pour rĂ©tablir l'État de droit et rĂ©tablir un gouvernement pleinement dĂ©mocratique exerçant son autoritĂ© sur l'ensemble du territoire malien”.
Le projet de dĂ©claration souligne que l'UE est disposĂ©e pour cela Ă  “accĂ©lĂ©rer la planification d'une possible mission dans le cadre de la politique de dĂ©fense et de sĂ©curitĂ© commune afin d'aider Ă  la rĂ©organisation et l'entraĂźnement des forces de dĂ©fense maliennes”.

L'ONU et l'Union africaine (UA) vont ouvrir des bureaux permanents à Bamako afin de coordonner leurs actions respectives face à la crise dans le nord du Mali occupé par des islamistes armés, ont annoncé, hier dans la capitale malienne, deux hauts responsables de ces organisations.

Le principe de l'envoi d'une force armĂ©e de quelque 3 000 hommes venus des pays de la CommunautĂ© Ă©conomique des États de l'Afrique de l'Ouest, soutenue par l'ONU et recevant l'appui logistique des pays occidentaux, est acquis. Mais les pays ouest-africains doivent prĂ©ciser la composition, les besoins et les missions de cette force pour en accĂ©lĂ©rer le dĂ©ploiement.

On n’en est pas encore lĂ . Mais force est de constater que l’empressement malien, probablement dictĂ© de l’étranger, a de quoi inquiĂ©ter. Le prĂ©sident malien par intĂ©rim ne semble pas se soucier du dialogue, encore moins des revendications des Touaregs au nord du Mali. Il veut juste une intervention militaire internationale et la bĂ©nĂ©diction de la France pour que la guerre soit menĂ©e sur son sol par d’autres armĂ©es. Une guerre dont l’issue reste incertaine, sachant qu’elle est censĂ©e viser les groupes terroristes, mais qui pourrait, surtout, compliquer davantage la situation dans cette rĂ©gion dont les revendications remontent Ă  plusieurs dĂ©cennies.
À moins que Bamako ne songe Ă  dĂ©lĂ©guer le rĂšglement de la crise du Nord aux forces multinationales, le sort rĂ©servĂ© aux revendications des populations de l’Azawad semble relĂ©guĂ© au dernier plan.

Le gouvernement de Bamako sait, pourtant, qu’aussi longtemps qu’il continue d’ignorer les revendications des populations du Nord, il aura une grenade dĂ©goupillĂ©e sous ses pieds.
21102012
liberte-algerie

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