Égypte : L'option El Baradei ne donne pas les résultats escomptés - Les Etats-Unis soutiennent une transition avec Moubarak
le 05/02/2011 19:07:34
Égypte

La partition jouée par la diplomatie américaine, le «vendredi de la colère», est passée de l'alto entamé par Hillary Clinton à la musiquette, en fin de nuit, entonnée par Barack Obama.De menace d'abandon à un soutien conditionné, les décideurs américains ont pris la juste mesure du poids réel de leur favori face à un allié indéfectible au Moyen-Orient.



 (allafrica)--La piste
Baradei n'est pas encore la bonne, le régime Moubarak a encore quelques jours de
sursis devant lui. L'ennemi étant, évidement, la puissante organisation des
Frères musulmans.Avant les manifestations, le rôle du «méchant» est dévolu au
département d'Etat avec des déclarations à la limite de la menace. Les aides
militaires risquent d'être «suspendues» si la force est utilisée contre les
manifestants, le gouvernement égyptien «doit» être à l'écoute, le pouvoir «doit»,
etc. Des déclarations qui sonnaient comme des injonctions à Hosni Moubarak
d'assouplir ses positions depuis l'arrivée de l'homme «prodige», à savoir l'ex-
directeur général de l'AIEA, Mohamed El Baradei. Le peu de soutien populaire
qu'a recueilli ce dernier malgré un soutien médiatique sans précédent, la force
et la détermination de l'organisation des Frères musulmans ont infléchi la
position américaine. Selon diverses sources, les consultations avec les alliés
américains de la région, à savoir la Jordanie, l'Arabie saoudite et Israel, ont
modifié cette position et les communications directes entre Barack Obama et
Hosni Moubarak ont repris. Le timing fut choisi délicatement, permettant au
président américain de redéfinir la position juste après l'adresse à la nation
faite très tardivement par le chef d'Etat égyptien.Les Etats-Unis n'utilisent
plus le mot «doit», mais «exhorte».


Un assouplissement de ton qui
augure d'un retour vers la realpolitik et l'inconditionnel soutien des
Américains à la «sécurité d'Israël et de la stabilité de la région». Barack
Obama estime que Hosni Moubarak «a pour responsabilité de donner du sens à ses
propos, de prendre des mesures concrètes et des actions pour tenir ses promesses.
La violence et la destruction ne mèneront pas aux réformes qu'il souhaite. Le
peuple égyptien a des droits qui sont universels, dont la liberté de se réunir
pacifiquement, le droit à la liberté d'expression et celui de choisir son propre
destin». Tout en considérant que le chef d'Etat égyptien jouait un rôle «très
utile sur un éventail de questions difficiles au Proche-Orient». La Maison-Blanche
étant consciente que le statu quo n'est plus possible et que l'ouverture
démocratique du régime est inéluctable, Barack Obama tente de limiter les dégâts.
D'après le Washington Post, ses conseillers auraient conclu depuis quelque temps
déjà que Hosni Moubarak ne serait jamais l'homme des réformes. En coulisses, les
Etats-Unis auraient «doucement nourri le terreau pour une émancipation de la
société». Les Américains auraient donc directement contribué à développer des
forces d'opposition au président égyptien tel que le montre l'apparition
graduelle de Mohamed El Baradei.


A l'heure où nous mettons sous
presse, la position américaine semble être proche de celle de Martin Indyk,
ancien conseiller de l'ancien président américain Bill Clinton, qui expliquait
au New York Times que «si l'on ne soutient pas Moubarak, le régime tombera, les
Frères musulmans prendront le contrôle de l'Egypte et rompront le traité de paix
avec Israël ; ce qui aura d'importantes conséquences négatives pour les
intérêts américains au Proche-Orient».



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