Congo, République démocratique : la lutte contre la fièvre Ebola se heurte aux traditions locales
le 05/11/2012 10:04:29
Congo, République démocratique

Image redimensionnéeLa lutte contre la contagion dans l'épidémie de fièvre hémorragique Ebola qui touche le nord-est de la République démocratique du Congo se heurte aux traditions et aux coutumes locales qui encouragent la proximité des familles auprès des malades et des défunts.


Cette maladie inguérissable qui touche depuis plusieurs mois la région d'Isiro dans le nord-est de la RDC a fait 36 victimes répertoriées. Elle se transmet par contact direct avec le sang, les sécrétions corporelles (sueur, urine, selles), par voie sexuelle et par la manipulation sans précaution de cadavres contaminés. Les coutumes et croyances locales, qui entourent de beaucoup de respect les personnes âgées ou malades et attribuent aux personnes décédées une possibilité d'intervention sur les événements, vont à l'encontre de toute précaution d'isolement du malade ou du défunt pour éviter la contagion, a expliqué à l'AFP un médecin européen intervenu sur place et désireux de garder l'anonymat.

Le ministre de la Santé, M. Felix Kabanga Numbi, en annonçant vendredi que l'épidémie était sur le point d'être considérée comme éteinte après 21 jours sans signalement, a reconnu que les équipes médicales avaient rencontré des difficultés avec les habitants. Leurs voitures ont été la cible de jets de pierres et lors d'un enterrement "sécurisé" la population s'en est pris aux infirmiers et assistants. Selon un photographe occidental qui était sur place, des malades ont quitté la ville de peur d'être isolés et sont allés se réfugier dans la forêt. Ils y sont décédés sans que personne n'en soit averti sauf leur famille qui a gardé le silence. Des équipes de psycho-cliniciens ont du être constituées afin de rassurer la population, a expliqué le ministre. Une vidéo a même due être réalisée sur "l'espace de confinement" dans lequel était enfermés les malades pour éviter la contagion. Elle a été montrée dans Isiro, une ville d'environ 300.000 habitants, et aux alentours. Cette vidéo a d'abord "choqué" a reconnu le ministre puis, selon lui, "la population a senti le danger".

Selon le médecin rencontré par l'AFP, l'attitude des équipes soignantes, venues d'Europe pour la plupart, a aussi heurté les populations. Les premiers jours les habits des défunts ont été brûlés ainsi que leurs matelas, ce qui a choqué les familles dans une région terriblement démunie.

Des rumeurs ont également été lancées sur les bénéfices que tiraient ces étrangers de cette maladie. Le ministre a accusé un opposant d'avoir fait courir le bruit qu'il s'enrichissait à cette occasion. En fait, l'arrivée dans une région reculée de dizaines de médecins, d'épidémiologistes, de vétérinaires, a bouleversé son équilibre économique.
05112012
IRIB

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