Algérie : Visite de Christopher Ross au Sahara Occidental
le 05/11/2012 13:01:32
Algérie

Image redimensionnéeQuel impact sur le conflit ?

Il ne fait aucun doute que cette nouvelle tournée de l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU dans la région aura des incidences importantes sur le règlement du conflit du Sahara occidental. Mais reste à savoir dans quel sens, car cette position conciliante de Rabat est loin d’être fortuite ?


Que peut bien cacher la nouvelle attitude du Maroc vis-à-vis de Christopher Ross, qu’elle a vainement tenté d’évincer en mai dernier ? Si on a l’impression que la reprise des contacts entre Rabat et l’émissaire onusien, comme le pensent certains analystes du dossier, se fait aux dépens du royaume alaouite, rien n’exclut que ce dernier ait adouci sa position en échange de garanties des “amis du Sahara occidental”.
En effet, le fait que le roi Mohammed VI, qui ne supportait plus de voir Christopher Ross, même en photo, l’ait reçu le plus normalement du monde cette fois-ci, laisse penser que quelque chose de favorable au Maroc lui a été promis. Le groupe des “amis du Sahara occidental” n’y serait pas étranger.
D’ailleurs, le retour de Christopher Ross au Maroc s'est fait sans tambour ni trompette et les deux parties ont restreint leur communication, tenant les médias internationaux à l'écart, même si l’envoyé spécial de Ban Ki-moon a passé quatre jours à Rabat, avant de se rendre à Laâyoune.
Ceci étant, Khadija Mohsen-Finan, une universitaire installée en France et spécialiste du Maghreb, estime que “l’environnement a radicalement changé”, notamment dans le “contexte nouveau” né du Printemps arabe. “Nous assistons à une redéfinition du rôle des Nations unies” dans ce dossier, affirme-t-elle, parce que selon elle “les peuples vont désormais être associés”. Khadija Mohsen-Finan juge que la confirmation de Christopher Ross à son poste puis son retour dans la région constituent “un camouflet” pour le Maroc, qui avait fustigé une partialité de l'émissaire onusien. C’est aussi l’avis du quotidien marocain Akhbar Al-Youm, pour qui la diplomatie marocaine a commis “deux erreurs” dans le dossier Ross : “La première, quand elle a décidé de retirer expressément sa confiance (...) avant même l'obtention du feu vert américain, et la deuxième lorsqu'elle a accepté le retour de Ross, comme si de rien n'était”. “Ross est revenu mais personne n'explique à l'opinion publique les raisons de ce retour”, estime Abdelfettah Benamchi, directeur du Centre marocain de la diplomatie parallèle et du dialogue des civilisations, qui ajoute que Rabat “aurait dû maintenir sa décision ou ne pas la prendre du tout”. Il n’en demeure pas moins que ces avis ne sont pas partagés.
Ainsi, Mustapha Naïmi, universitaire et membre du Conseil royal consultatif des affaires sahariennes, juge que le Maroc en est le principal instigateur et bénéficiaire. Selon lui, le Maroc a “fait le nécessaire” pour défendre ses intérêts et la visite de Christopher Ross ressemble “à une tournée inaugurale”. Il trouve que Christopher Ross fait désormais preuve d'une plus grande “souplesse” et rencontre “des intervenants qui lui donnent un nouvel éclairage sur le dossier”. Il souligne que la vision de l'émissaire était uniquement basée sur l'option référendaire, et Rabat a “marqué un point en tapant du poing sur la table pour signifier qu'il ne pouvait pas cautionner cette approche à sens unique”.
Par ailleurs, le Front Polisario a dénoncé vendredi à Alger des “exactions”, “blessures” et “arrestations” de manifestants sahraouis dans la ville de Laâyoune par l'armée marocaine, en pleine visite dans la région de l'envoyé spécial de l'ONU Christopher Ross. “Les forces d'occupation marocaines sont intervenues de manière féroce et brutale jeudi soir pour réprimer des manifestations qui se sont produites à Laâyoune occupée”, a affirmé un haut responsable sahraoui Mohamed Ould Akik.
Cette intervention “féroce et barbare” a fait “des blessés auxquels s'ajoutent plusieurs arrestations parmi les militants sahraouis”, a-t-il ajouté, soulignant que les manifestations coïncidaient avec la tournée de M. Ross, envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental.
05112012
liberte-algerie

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